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Qui est Pierre Estoup, l'arbitre de l'affaire Tapie ?

Maurice Lantourne et Bernard Tapie devant les députés de la commission des finances. [JACQUES DEMARTHON / AFP]

Arbitre dans le litige opposant l'Etat à Bernard Tapie, Pierre Estoup a été mis en examen mardi pour "escroquerie en bande organisée". Suffisamment pour mettre cet ancien magistrat à la carrière atypique sous la lumière des projecteurs.

Avec Denis Bredin et Pierre Mazeaud, Pierre Estoup fait partie des trois arbitres qui ont donné raison à Bernard Tapie dans le litige qui l'opposait à l'Etat à propos de la cession du Crédit Lyonnais.

Pierre Estoup est rompu à cette procédure judiciaire. Depuis qu'il a pris sa retraite de magistrat en 1991 alors qu'il était président de la cour d'Appel de Versailles, ce licencié en droit pratiquait volontiers cette justice privée. Une reconversion qui détonne dans la magistrature où elle n'a pas bonne presse.

 

Une acsension rapide

Ce choix professionnel n'est pas le seul à rendre la carrière de Pierre Estoup singulière. Jeune avocat de 24 ans au début des années 50, il préfère se tourner vers la magistrature plutôt que de faire son trou à Toulouse où il habite.

Son premier poste l'emmène en Algérie, alors française, à Larbaa. Nommé ensuite brièvement à Fort-de-France, il débarque à Saint-Martin et Saint-Barthélemy en 1955. Il apprécie les charmes de cette nouvelle affectation, l'Express rapportant qu'il dispose toujours là-bas d'une résidence secondaire.

En 1958, il rentre en métropole, dans l'Est de la France. Il devient entre autres président de la Cour d'assises de la Moselle, fait étape à Hayange, à Thionville et à Metz. Sa carrière avance bien. Il se retrouve président du tribunal de Nancy en 1976 après un détour par Riom. Et en 1984, c'est la consécration. Il accède au prestigieux poste de la Cour d'appel de Versailles.

 

Le "président minute"

A chaque fois, ses passages ne laissent pas le monde judiciaire indifférent. Les avocats le surnomment le "président minute" rapporte l'Express au regard de son souci du rendement et de la vitesse à laquelle il rend ses arrêts. Il publie même un ouvrage intitulé "La Pratique des procédures rapides" en 1990. Le livre est épuisé.

C'est lors de son passage à Versailles que le président Estoup devient un fervent avocat de la procédure d'arbitrage. A partir de 1991, il créé sa propre entreprise. Ce nouveau métier le conduit à arbitrer des différents des personnalités françaises et africaines, mais à se pencher aussi sur des différents commerciaux.

 

Des contacts avec l'avocat de Tapie

Dans le cadre de cette activité, il côtoie Maurice Lantourne, l'avocat de Bernard Tapie dans le fameux arbitrage avec l'Etat. Par trois fois, les deux hommes sont en contact lors d’arbitrages réalisés en 1999, 2001 et 2002. Ce sont ces trois arbitrages qui sèment le doute aujourd'hui sur la réalité des relations entre les deux hommes.

A ces contacts que Pierre Estoup avait passé sous silence lors de sa désignation comme arbitre, il faut désormais ajouter sa proximité avec Bernard Tapie. Une perquisition dans sa résidence de l'Est de la France a renforcé les soupçons qui pèsent sur lui.  Les enquêteurs y ont découvert un livre de Bernard Tapie accompagnée d'une dédicace datée de 1998.

L'homme d'affaires y loue le "courage" du président Estoup auquel il indique vouer "une infinie reconnaissance avant de conclure : "je vous remercie avec toute mon affection". Une dédicace qui laisse planer un doute aux yeux de la justice sur l'indépendance effective de Pierre Estoup dans l'arbitrage entre Bernard Tapie et l'Etat.

 

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