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La cigarette électronique suscite des interrogations

Une personne utilise une cigarette électronique [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives] Une personne utilise une cigarette électronique [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

Un groupe d'experts a donné son feu vert mardi à la cigarette électronique mais en assortissant son usage, par mesure de précaution, de toute une série de garde-fous, visant notamment à éviter qu'elle ne devienne une porte d'entrée dans le tabagisme chez les jeunes.

"Refuser de dresser un constat en arguant du manque de données, exiger les résultats d'études attendues dans une à cinq années pour prendre des décisions, reviendrait à laisser les utilisateurs - et les non utilisateurs - sans protection à la merci du marché" écrivent les 9 experts dans le rapport publié sur le site de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT).

Le rapport, qui contient 28 recommandations "provisoires" - en attendant de nouvelles études scientifiques - a été présenté mardi après-midi par le Pr Bertrand Dauzenberg, pneumologue et président de l'OFT lors d'un colloque organisé au ministère de la Santé.

Mandatés en mars dernier par la Direction générale de la santé (DGS) pour faire une évaluation de la e-cigarette, les experts réunis autour du Pr Dautzenberg recommandent de ne pas l'interdire mais de "réglementer le produit, sa distribution et son utilisation".

Parmi les principales recommandations figurent l'interdiction de la vente aux mineurs, comme pour tous les produits du tabac, ainsi que son bannissement de tous les endroits publics "où il est interdit de fumer", comme prévu par le code de santé publique.

Incitation à fumer

Les experts expliquent que dans les lieux où il est interdit de fumer, la e-cigarette "pourrait constituer une incitation à fumer" car il est impossible de faire visuellement la différence entre celle contenant de la nicotine et celle n'en contenant pas.

Inventé en Chine en 2005, l'appareil présente à son extrémité une diode simulant visuellement la combustion et contient une cartouche dont la solution s'échauffe au contact d'une résistance. Des flacons de "e-liquides", composés de propylène glycol ou de glycérol, de divers arômes et éventuellement de nicotine, permettent de recharger la cartouche usagée.

Selon les fabricants, le produit serait utilisé par 500.000 personnes en France mais, pour le Pr Dautzenberg, le nombre d'utilisateurs pourrait déjà atteindre le million, avec un chiffre d'affaires avoisinant les 100 millions d'euros, équivalent au marché des produits permettant d'arrêter le tabac.

Même si son efficacité pour arrêter de fumer tout comme sa nocivité continuent à faire débat chez les tabacologues, le rapport estime que la dangerosité du tabac - qui tue 73.000 personnes par an en France - justifie l'étude de nouveaux produits de substitution comme la e-cigarette chez les fumeurs dépendant au tabac.

"Pour un gros fumeur, ce sera toujours mieux", relève le Pr Dautzenberg qui, comme les autres experts, préconise de limiter la concentration maximale de nicotine dans les e-liquides à 18mg/ml contre 20 actuellement pour ceux qui ne sont pas considérés comme des médicaments.

Une personne recharge sa cigarette électronique [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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Une personne recharge sa cigarette électronique
 

A l'exception de ces derniers, qui ne doivent être vendus qu'en pharmacie, les autres "produits évoquant le tabac" ne devraient pas être accessibles dans les supermarchés, mais uniquement dans "des établissement agréés pour cette vente", selon le rapport.

Les experts se prononcent également pour l'interdiction de la publicité en faveur de la e-cigarette et recommandent qu'elle ne soit pas utilisée par les femmes enceintes. Ils recommandent enfin la "vigilance" en ce qui concerne son usage prolongé, en l'absence d'études sur une utilisation supérieure à 6 mois.

Aucune réaction n'a pu être immédiatement obtenue auprès du ministère de la Santé sur ces recommandations.

Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris et médecin, s'est félicité des mesures concrètes préconisées par le rapport "à la fois préventives, coercitives et pédagogiques". Il a jugé qu'elles allaient "dans le sens d'une meilleure protection de la santé publique".

Le président de la confédération des buralistes, Pascal Montredon, a pour sa part invité mardi le gouvernement à aller "jusqu'au bout de la logique de réglementation en confiant la vente de la cigarette électronique à un réseau déjà agréé: les buralistes".

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