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Les avocats en colère contre la taxe justice

[VALERY HACHE / AFP]

Les avocats français se prononceront samedi sur la nouvelle mesure imaginée par Christiane Taubira concernant les modalités de financement de l’aide juridictionnelle, accordée aux justiciables les plus modestes.

[DIRECT MATIN NICE] La ministre de la Justice entend supprimer le paiement obligatoire du timbre fiscal de 35 euros, instaurée par l’ancien gouvernement, et dont tout citoyen doit s’acquitter lorsqu’il engage une procédure judiciaire.

Pour compenser ces 60 millions d’euros de rentrées fiscales en moins, la Chancellerie envisagerait de taxer le chiffre d’affaires des professionnels de la justice, à hauteur de 0,2 %, au premier rang desquels les avocats. Une portion infinitésimale de leurs revenus, mais qui constitue un symbole pour la plupart des robes noires, hostiles à cette nouvelle mesure de la garde des Sceaux.

D’autant que contrairement à une idée reçue ou souvent répandue, les avocats ne roulent pas tous sur l’or ! Particulièrement à Nice où leur concentration (1 000 avocats pour 500 000 habitants) est la deuxième plus forte de France.

«Beaucoup de confrères perçoivent des revenus bien inférieurs au smic, confie Frédéric Hentz, avocat au barreau de Nice. Certains sont confrontés à de réelles difficultés financières». 

 

Des clients moins solvables 

La paupérisation de beaucoup de justiciables en ces temps de crise se traduit par une chute du chiffre d’affaires des professionnels. «Jusqu’aux années 1990, recourir à un avocat était considéré comme un luxe, explique Dominique Garelli, du barreau de Nice. Depuis, la justice s’est ouverte à tous les citoyens, ce qui constitue une véritable avancée sociale. Or, la façon d’exercer est restée la même que par le passé avec des charges de fonctionnement lourdes et souvent adaptée à une clientèle aisée.»

Si beaucoup d’avocats se refusent à évoquer leurs difficultés financières, c’est que le sujet reste un tabou. Dans ce milieu très concurrentiel où l’on s’affronte quotidiennement au sein des prétoires, on demeure peu enclin à afficher ses faiblesses. Mais pas seulement. «Il y a une véritable omerta sur ces questions, avance Frédéric Hentz. L’avocat doit afficher une certaine dignité, même s’il est dans la précarité.» «Le professionnel a un certain devoir de retenu, de discrétion», renchérit Dominique Garelli.

 

Evoluer ou disparaître

Aujourd’hui, les dossiers d’aide juridictionnelle auxquels de plus en plus de justiciables peuvent prétendre sont généralement pris en charge par les jeunes avocats, qui ont encore des charges assez faibles.

Mais pour Dominique Garelli, la profession doit évoluer. «Nous sommes toujours soumis à une déontologie aristocratique, regrette-t-il. La profession doit accepter d’évoluer pour ne pas risquer de disparaître. De même, nous devrions pouvoir être assujettis aux mêmes règles que n’importe quelle société commerciale. Nous devrions pouvoir faire de la publicité et, en échange, appliquer une tarification unique pour nos honoraires de base.» «Même les clients solvables sont de plus en plus regardants et essaient de voir s’ils peuvent bénéficier de l’aide juridictionnelle, c’est dire !» atteste Frédéric Hentz.

Il faut savoir que, deux ou trois cabinets disparaissent, chaque année, au sein de la capitale de la Côte d’Azur, à la suite d’une liquidation judiciaire.

 

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