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Aubry demande l'expulsion de 160 Roms

Des enfants Roms le 22 janvier 2013 à Lille-Hellemmes, près de Lille [Philippe Huguen / AFP] Des enfants Roms le 22 janvier 2013 à Lille-Hellemmes, près de Lille [Philippe Huguen / AFP]

"Partir? Mais pour aller où?" Les 160 Roms installés depuis deux ans dans un bidonville le long d'une voie rapide à Lille attendent avec appréhension l'audience, mercredi, du tribunal administratif auquel Martine Aubry a demandé d'ordonner leur expulsion.

Un chemin de vieux matelas et de bouts de moquette enfoncés dans la boue mène à la trentaine de cabanes de vieilles planches recouvertes de bâches en plastique, tout au bout du parc de la Plaine Winston-Churchill, au bord du Vieux-Lille.

Quarante familles, originaires des environs d'Oradea, dans le nord-ouest de la Roumanie, vivent là depuis deux ans, sans électricité, sans eau courante, sans toilettes, dans une cuvette marécageuse. Environ 2.600 Roms sont installés dans une quarantaine de campements dans la métropole lilloise.

L'occupation illicite du terrain, propriété de la Ville de Lille, "porte une atteinte grave à la salubrité publique en raison des déchets sauvages et des excréments qui s'entassent depuis plusieurs mois", affirme Mme Aubry dans sa requête en référé devant le tribunal administratif.

La pérennisation du campement, initialement envisagée, a été abandonnée, la zone étant fortement inondable et peu accessible, souligne la maire de Lille dans un courrier adressé le 18 février au préfet du Nord, en lui demandant d'étudier "la mise à disposition de terrains hors de la métropole lilloise" pour ces familles.

Un campement rom à Lille-Hellemmes près de Lille, le 22 janvier 2013 [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Un campement rom à Lille-Hellemmes près de Lille, le 22 janvier 2013
 

"Partir? Mais pour aller ou? Et qu'est-ce qu'on va faire des enfants qui vont à l'école?" demande Gabi Ciuar, 28 ans, le "chef" du campement. "Ici, c'est une bonne place, on est tranquille", assure-t-il à l'AFP, dans sa cabane propre et rangée, décorée de fleurs en plastique.

Vingt-cinq enfants sont scolarisés dans le Vieux-Lille depuis Noël, une quarantaine d'autres attendent une place en primaire ou en collège. "On a fait un énorme travail autour de la scolarisation des enfants", explique à l'AFP Patrick Vigneau, le directeur des travailleurs sociaux chargés des Roms à Lille. "C'est un processus qui prend beaucoup de temps."

La demande d'expulsion provoque l'incompréhension des associations. "On les a incités à rester et, du jour au lendemain, on apprend qu'ils sont indésirables", souligne Me Norbert Clément, l'avocat du Collectif solidarité Roms de Lille.

En août 2012, plusieurs centaines de Roms installés à Lille-Hellemmes et Villeneuve-d'Ascq, dans la banlieue de Lille, avaient été évacués par la police. Ils se sont depuis répartis dans d'autres campements illégaux de l'agglomération.

"Le scénario d'août 2012, c'est l'échec", admet Michel-François Delannoy, vice-président PS de la communauté urbaine Lille Métropole, au nom de Mme Aubry, sa présidente. "Cela n'a fait avancer en rien le processus que nous souhaitons: une implantation plus équilibrée à l'échelle de la région", déclare-t-il à l'AFP.

Si le tribunal administratif ordonne l'évacuation du campement, ce sera à la Ville de Lille de décider de sa mise en oeuvre. "On ne demandera pas d'évacuation tant qu'il n'y aura pas des solutions", promet M. Delannoy.

"Je suis content que M. Delannoy s'engage à cela et je lui demanderai des comptes", dit à l'AFP le père Arthur, 76 ans, qui apporte chaque jour ou presque du pain, des vêtements ou des médicaments aux occupants de la Plaine Winston-Churchill. "Si on les fait partir, je serai là en habit religieux."

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