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L' idée de réduire les "allocs" pour les ménages aisés ne fait pas l'unanimité

Un père promène son enfant dans une poussette à Paris le 10 février 2013 Un père promène son enfant dans une poussette à Paris le 10 février 2013 [Fred Dufour / AFP/Archives]

François Hollande, en proposant de réduire les allocations familiales pour les ménages les plus aisés, a ouvert une brèche dans le principe d'universalité de la politique familiale de la France, souvent citée en exemple, au grand dam des associations familiales qui craignent d'autres mesures d'économies à l'avenir.

Le chef de l'Etat n'a pas attendu que soit examiné, le 4 avril, le rapport commandé au président du Haut conseil de la famille (HCF) Bertrand Fragonard, en vue de réduire le déficit de la branche famille pour lever un coin du voile.

"Que les plus hauts revenus aient les mêmes allocations, non ! Ce sera revu", a-t-il lancé jeudi soir sur France 2.

 

"Un contre-sens historique"

Ainsi, pour la première fois depuis la création de la Sécurité sociale à la Libération, l'universalité des allocations familiales est-elle remise en cause partiellement. Actuellement, le montant de ces prestations est identique quel que soit le revenu de la famille et ne varie qu'en fonction du nombre d'enfants .

Si les intentions de M. Hollande n'ont pas vraiment surpris les acteurs de la politique familiale, certains ont fait part de leur colère.

Rappelant, qu'outre la mission Fragonard, le Haut conseil pour le financement de la protection sociale doit aussi se prononcer sur le financement de la branche famille, le président de la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) Jean-Louis Deroussen (CFTC) s'est interrogé auprès de l'AFP: "A quoi servent toutes ces missions, tous ces rapports, si les décisions sont déjà prises ? On peut s'étonner".

La cour d'une école à Lille, le 18 mars 2013 [Phililppe Huguen / AFP/Archives]
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La cour d'une école à Lille, le 18 mars 2013
 

Ton plus virulent du côté des organisations familiales. "Ce serait un contre-sens historique en matière de politique familiale. A terme, cela risque de remettre en cause la dynamique démographique de notre pays", a estimé François Fondard, président de l'Union nationale des associations familiales (Unaf).

Même si M. Hollande s'est défendu de vouloir remettre en cause l'universalité, puisque les familles aisées continueraient de percevoir des allocations, les associations y voient un premier pas vers une plus grande redistribution des allocations des plus riches vers les plus pauvres.

"C'est une première marche, c'est le signe que la République ne respecte plus un principe de justice qui avait fait ses preuves depuis la Libération", s'est insurgé Thierry Vidor, directeur général de Familles de France, membre de l'Unaf.

Selon lui, du fait de ce premier pas, "on pourra revenir demain sur l'universalité de la Sécurité sociale pour la branche maladie et dire qu'en fonction des revenus, les patients auront des remboursements modulés également".

Satisfaction en revanche chez certains parlementaires socialistes, comme le député Gérard Bapt, rapporteur du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui tiendra compte, à l'automne prochain, des économies décidées sur la branche famille.

Tout récemment M. Bapt, et son collègue de l'Ardèche Pascal Terrasse, avait fait part de leurs propositions de diviser par deux les allocations familiales des ménages avec deux enfants dont le revenu mensuel est supérieur à 53.000 euros par an (4.400 euros par mois) et à 61.000 pour ceux qui ont trois enfants.

"Le chef de l'Etat s'est prononcé pour la modulation et cela va dans le sens de ce qu'on avait proposé", a déclaré M. Bapt à l'AFP.

Selon un récent sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, 66% des Français sont d'accord pour réduire ou supprimer les allocations familiales au-delà d'un certain niveau de revenu.

Le déficit de la branche famille est prévu à 2,7 milliards pour 2013.

Les allocations familiales sont versées chaque mois à partir du deuxième enfant (127,05 euros). Mais d'autres prestations familiales plus récentes sont accordées sous conditions de ressources.

 

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