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Livre Blanc : que restera-t-il de l'armée française en 2020 ?

Des soldats français au Mali. Des soldats français au Mali.[AFP]

Le futur Livre blanc de la Défense appelé à donner les orientations militaires de la France pour la période 2014-2019 est actuellement l’objet d’un débat houleux. Parmi les deux hypothèses envisagées par Bercy, le scénario "Z" prévoit des coupes drastiques. Le projet "Y" soutenu par Jean-Yves le Drian est plus mesuré.

En proposant d’abaisser le budget de la Défense de 1,56% du PIB en 2013 (31,5 milliards d’euros) à 1,18% du PIB d’ici 2025, Bercy s’est attiré les foudres des militaires français, des industriels du secteur, des forces politiques de l’opposition et même de plusieurs responsables socialistes. Tous redoutent des milliers de suppressions de postes dans le secteur public…comme dans le privé ainsi qu'un affaiblissement stratégique de la France.

"Le scénario de Bercy vise à tuer le ministère de la défense. Dès 2015, si on le suit, il ne lui restera que la sécurité nationale (la gendarmerie), les forces spéciales et la dissuasion. Toutes les forces conventionnelles auront disparu", déclarait lundi au Monde Patricia Adam, présidente socialiste de la commission de la défense de l'Assemblée nationale.

"C'est l'avenir de la France qui est en jeu. Si nous suivons le scénario dit Z proposé par Bercy, nos bases prépositionnées en Afrique c'est fini, notre capacité de projection - 4.000 hommes en quelques jours - c'est fini, la capacité de protéger nos ressortissants à l'étranger, c'est fini. Nous devrons vendre le porte-avions", affirmait ce matin le député PS Gwendal Rouillard sur Europe 1. Si l'on en croit ce proche de Jean-Yves le Drian, la France n’aurait donc plus les moyens d’aller combattre seule les réseaux djihadistes, par exemple, comme elle le fait actuellement au Nord du Mali.

Quant au général Bertrand Ract-Madoux, chef d'état-major de l'armée de terre interrogé mercredi matin sur Europe 1, il est presque sorti de son devoir de réserve : "Comme tous mes soldats, je réclame de pouvoir exercer le métier que j'ai choisi, dans des conditions équitables, avec des moyens pour effectuer les missions et une certaine stabilité dans les réformes".

 

 

Un impact économique et social

Au-delà de la dimension stratégique, l'impact économique et social du plan Z s'annonce lourd. Selon le député Rouillard, si le président François Hollande tranche en faveur des Finances, « ce serait au bas mot 50.000 emplois de supprimés dans les mois à venir ». Pour rappel, le ministère de la Défense avait déjà été visé par une réduction de plus de 50.000 postes sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

L’industrie de défense nationale (17,5 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2011 - source CIDEF) composée de plusieurs fleurons de la profession tel que Dassault Aviation, DCNS, EADS, MBDA, Nexter, Safran ou encore Thales,subirait ainsi une suppression de 30.000 postes (estimation du Canard enchaîné – édition du 27 mars). Un sérieux coup dur pour un secteur où la réputation de la France n’est plus à faire (4e pays exportateur d’armes en 2010). On l’a encore vu avec la vente attendue de 126 avions de combat Rafale à l’Inde.

Enfin, l’opération Serval toujours en cours au Mali depuis le 11 janvier 2013, a rappelé à l’état-major français la nécessité de moderniser une partie de son parc. L’acquisition de drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) fait partie des programmes. Tout comme la poursuite du programme de développement des satellites d’alerte avancée (défense contre les missiles balistiques) entamée en 2009 ou la modernisation à mi-vie des 77 Mirage 2000D. Seulement, sans argent, la concrétisation de ces projets risque d'être compromise. "On craint beaucoup sur les équipements", confiait cette semaine à l'AFP le général Vincent Desportes, ancien responsable de l'école de guerre.

Pour éviter d'être confronté à une telle situation, les opposants à Bercy pencheraient d’avantage pour le scénario "Y",  moins draconien avec un budget annuel de l'ordre de 30 milliards d’euros. D'après Jean-Dominique Merchet, journaliste à Marianne, le conseil de défense qui s'est réuni ce matin à l'Elysée aurait opté pour ce projet. Une information non-confirmée de sources officielles.

 

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