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Double meurtre de Montigny-lès-Metz : près de 28 ans de flou

Francis Heaulme. Francis Heaulme.[AFP]

L’annonce du renvoi devant les assises du tueur en série Francis Heaulme pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz en 1986, a remis sur le devant de la scène une affaire ultra médiatisée et qui reste non-élucidée par la justice française 28 ans après. Rappel des faits.

 

Dimanche 28 septembre 1986. Comme n’importe quels enfants, Alexandre Beckrich et Cyril Beining, deux copains de 8 ans, décident de profiter de ce dernier jour de repos avant de reprendre le chemin de l’école, pour faire un petit tour de vélo dans leur commune de Montigny-lès-Metz.

Les deux enfants se retrouvent vers 17h30. Mais à 19h, leurs parents inquiets de ne pas les voir revenir, décident de prévenir pompiers et policiers. Une demi-heure plus tard, leurs corps allongés sur le dos littéralement massacrés à coups de pierre, sont retrouvés. C’est le début d’une affaire qui, encore aujourd’hui, demeure entourée d’un flou épais.

Plusieurs semaines après la découverte des corps, l’enquête peine à avancer. Les policiers ont bien entendu à deux reprises Patrick Dils, ce jeune homme de 16 ans, roux, efflanqué et apprenti cuisiner habitué à flâner à l’endroit  même où ont été découverts les deux corps. Mais sa culpabilité ne saute pas aux yeux et Dils est relâché à chaque fois. Le meurtrier d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining reste introuvable.

En avril 1987, l’affaire connaît un rebondissement inattendu avec le témoignage d’un couple qui affirme avoir vu le 28 septembre 1986 sur les lieux du crime… Patrick Dils. Confronté une nouvelle fois aux enquêteurs, ce dernier avoue. Oui, il est l’auteur du double meurtre de Montigny-lès-Metz. 36 heures de garde à vue plus tard, Patrick Dils est poursuivi pour homicides volontaires et est incarcéré en maison d’arrêt le temps que son procès a lieu. Le 27 janvier 1989, Dils est reconnu coupable et écope de la réclusion criminelle à perpétuité.

Le problème c’est que Patrick Dils n’est pas celui qu’on croit. Certes, il est passé aux aveux. Mais ses confessions ne sont autres que des affabulations prononcées devant des policiers confrontés à un jeune homme dont le profil colle parfaitement à celui du suspect numéro 1.

Le 26 juillet 1990, une première demande en révision est sollicitée par les avocats de Dils auprès de la Cour de cassation. Demande rejetée. L’affaire semble bouclée.

Sauf que sept ans plus tard, le 24 octobre 1997, un adjudant-chef de la gendarmerie transmet à la justice française le compte-rendu d'un entretien qu’il a eu avec Francis Heaulme, un Messin incarcéré pour un triple meurtre et mis en examen pour six autres. Il affirme à l’aide de détails précis être passé sur les lieux du crime avant et après les assassinats d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining. Même s’il n’avoue pas le double meurtre, ses déclarations fracassantes font figure de coup de tonnerre onze ans après l'éclatement de l’affaire.

Conforté par les propos de Heaulme, la défense de Patrick Dils réclame une nouvelle demande en révision en 1998. Cette fois-ci la justice française daigne se replonger dans cet épineux dossier. L’enquête repart de 0 : nouvelles investigations,  nouveaux témoignages et nouveau procès pour Patrick Dils confronté directement à Francis Heaulme. Pour Dils, la fin d'un long tunnel paraît proche.

Pourtant, le 29 juin 2001, il est condamné à 25 années de prison supplémentaires. Stupeur dans la salle d'audience convaincue de son innocence. Dils fait appel. Un troisième procès s’ouvre. Ce sera le dernier pour Patrick Dils, définitivement acquitté le 24 avril 2002. Il reçoit un million d’euros au titre de l’indemnisation de l’Etat. « Ce que j’ai vécu ne se chiffre pas », commente-t-il alors. L’assassin des deux enfants, lui, reste introuvable.

 

Montigny-lès-Metz : renvoyé devant les assises, Heaulme se pourvoira en cassation

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