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Des interrogations après la découverte de mouton prohibé

L'usine Spanghero de Castelnaudary, le 10 février 2013 [Remy Gabalda / AFP/Archives] L'usine Spanghero de Castelnaudary, le 10 février 2013 [Remy Gabalda / AFP/Archives]

Incident isolé ou nouveau scandale alimentaire après celui de la viande de cheval ? La découverte chez Spanghero de 57 tonnes de mouton préparé avec un procédé interdit par les règles européennes soulève de nombreuses questions.

D'où vient cette viande de mouton? D'autres entreprises ont-elles reçu cette marchandise non conforme? Combien de tonnes ont été livrées en France et à Spanghero en particulier? Avant la saisie, l'entreprise a-t-elle préparé des produits (merguez) à partir de cette viande ? Et pourquoi avoir maintenu l'agrément sanitaire de Spanghero dans ces conditions ?

Pour l'instant, la seule chose établie par les autorités françaises est que cette viande, séparée mécaniquement, provient de Grande-Bretagne et qu'elle a été vendue à Spanghero par le courtier Draap Trading du trader néerlandais Jan Fasen, déjà cité dans l'affaire du cheval.

Depuis 2001 et la crise de la vache folle, l'Union européenne interdit de séparer mécaniquement la viande des os sur certains ruminants, pour éviter que des éclats d'os ou de moelle potentiellement infectés se retrouvent dans la viande.

Selon différentes sources proches du dossier, cette saisie de viande séparée mécaniquement est exceptionnelle.

De son côté, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a dénoncé mercredi matin les lenteurs de l'enquête menée sur Jan Fasen aux Pays-Bas. "Il y a un vrai souci" et la France compte bien "harceler les Pays-Bas" pour obtenir des informations, a-t-il affirmé à l'AFP.

Le rôle du courtier néerlandais dans le scandale de la viande de cheval et dans la nouvelle affaire du mouton peut avoir été déterminant mais il n'est pas la seule zone d'ombre. Qui en effet a préparé cette viande? Spanghero savait-il qu'il achetait une viande non conforme?

Contrôles systématiques

Non, assure l'entreprise de Castelnaudary (Aude), qui plaide la bonne foi et assure qu'elle pensait acheter de l'agneau haché, comme l'indiquaient les factures, et non de la viande séparée mécaniquement.

L'enquête judiciaire, ouverte par le parquet de Carcassonne mais qui devrait atterrir au pôle de santé publique du parquet de Paris, devra déterminer si Spanghero a été berné.

Depuis le scandale de la viande de cheval, qui l'a contrainte à abandonner le négoce de viande, l'entreprise, qui emploie 300 personnes, a récupéré son agrément sanitaire pour ses activités de plats préparés.

La brigade sanitaire n'a constaté aucun problème sur la chaîne de fabrication et toutes les matières premières qui arrivent dans ses chambres froides sont désormais systématiquement contrôlées avant utilisation, assure le ministère de l'Agriculture, interrogé par l'AFP.

Selon l'interprofession de la viande et du bétail (Interbev), un professionnel peut différencier "à l'oeil nu" de la viande traitée mécaniquement qui ressemble davantage à une "pâte" qu'à de la viande hachée.

Et les professionnels de la viande sont "choqués" par cette nouvelle révélation qui ternit un peu plus l'image du secteur agroalimentaire.

Depuis le début de la fraude du cheval, qui s'est retrouvé dans des millions de plats préparés censés contenir uniquement du boeuf, ils ne cessent de vanter la viande "Made in France", parfaitement tracée, selon eux.

Si certains distributeurs ou industriels comme Carrefour, Intermarché ou Findus se sont engagés à utiliser dans leurs plats cuisinés uniquement de la viande de boeuf française, la plupart des entreprises agroalimentaires ne se sont pas manifestées.

Ironie du calendrier, la nouvelle affaire est apparue à la veille de la "journée sans viande" qui se tenait mercredi.

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