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Les militaires redoutent une débâcle budgétaire

Un hélicoptère Puma de l'armée française à Bourem, dans le nord du Mali, le 17 février 2013 [Pascal Guyot / AFP/Archives] Un hélicoptère Puma de l'armée française à Bourem, dans le nord du Mali, le 17 février 2013 [Pascal Guyot / AFP/Archives]

Une "apocalypse", un "tsunami" budgétaire : à l'approche des conclusions du nouveau Livre blanc, les milieux militaires et industriels redoutent un effondrement du budget de la défense et des coupes claires dans les effectifs qui déclasserait définitivement la France sur la scène internationale.

"La patrie est en danger !" : Jean-Louis Carrère, le président socialiste de la commission de la défense du Sénat, a sonné la mobilisation pour défendre le budget des armées. Pour la première fois, l'élu PS a évoqué publiquement mercredi les hypothèses budgétaires envisagées avant la publication du Livre blanc, dont les conclusions, plusieurs fois repoussées, sont attendues "courant avril".

Le constat est brutal, le message simple : "le passage d'un effort de défense de 1,56% (du PIB) en 2011, à 1,1% en 2025, tel qu'il est envisagé", ne permettrait plus de maintenir le rôle de la France au niveau qui est le sien aujourd'hui, s'alarme-t-il au nom de la quasi-totalité des groupes politiques du Sénat, droite et gauche confondues.

Le Livre blanc fixera les nouvelles priorités stratégiques de la France. Mais c'est la Loi de programmation militaire (LPM), qui devrait être présentée avant l'été pour en tirer les conséquences budgétaires, qui inquiète les milieux de la défense.

Le budget défense s'élève aujourd'hui à 31,5 milliards d'euros, mais l'endettement massif de la France oblige le gouvernement à couper dans les dépenses pour rétablir les comptes publics. La croissance en berne complique encore la situation.

Plusieurs options sont en cours d'arbitrage : dans un premier cas, la défense ne participerait à l'effort général qu'à la même hauteur que les autres ministères et limiterait la casse.

Mais l'hypothèse d'un budget ramené à 1,1% du PIB, sous la pression de Bercy, se traduirait automatiquement par la suppression de dizaines de milliers d'emplois dans les armées, des dissolutions de régiments et l'arrêt ou le report de quelques uns des plus importants programmes d'armement.

"On ne craint pas trop pour les effectifs. Le gouvernement n'a pas envie de remettre quelques dizaines de milliers de chômeurs sur le marché du travail. Mais on craint beaucoup sur les équipements", dit le général Vincent Desportes, ancien responsable de l'école de guerre.

La presse spécialisée promet pour sa part "un choc historique", "un tsunami pour les armées", et évoque l'inquiétude des industriels de l'armement (Thales, EADS, Dassault...) qu'une baisse brutale des budgets priverait de milliards d'euros de commandes.

Info ou intox, à l'heure où le président François Hollande, chef des armées, doit prendre des décisions cruciales pour l'avenir de la défense ? Le ministère évoque pour sa part de simples "hypothèses de travail". "Ca ne paraît pas anormal que l'on envisage toutes les hypothèses, y compris les pires", disait jeudi Pierre Bayle, le porte-parole de la Défense, lors du point presse hebdomadaire.

Le débat se cristallise autour du seuil de 1,5% du PIB qu'experts et militaires jugent indispensable de maintenir pour préserver l'outil de défense.

"Le maintien d'un effort de défense raisonnable, à hauteur, comme aujourd'hui, de 1,5% du PIB hors pensions, n'obéit pas seulement à la rationalité économique (protéger un des rares secteurs où coexistent excellence technologique et emploi industriel), mais correspond aussi aux objectifs constants de la politique extérieure de la France", prévenait début mars Etienne de Durand, de l'Institut français de relations internationales (IFRI) sur le site du Monde.

En 1981, la France consacrait 3% de son PIB à sa défense et encore 1,55% en 2012. Un budget ramené autour de 1,2% en 2020 compromettrait la capacité des armées à conduire avec la même efficacité une opération comme celle en cours au Mali. L'abandon de capacités militaires est le plus souvent irréversible.

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