Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.
DIMANCHE 3 MARS
Que se passe-t-il ? Il flotte quelque chose de doux et savoureux dans l’air de la ville. Aux terrasses des bistros, les hommes et les femmes semblent plus souriants. Les femmes, en particulier, qui, à Paris, comme dans n’importe quelle ville de France, changent soudain d’allure et de tenue, dès que le phénomène intervient. On dirait qu’elles sont plus belles, plus «françaises», avec ce style inimitable qui repose parfois sur rien, un accessoire, un chignon bien fait, une jupe plus légère.
Que se passe-t-il ? C’est simple, et cela constitue toujours une merveilleuse nouvelle : le printemps n’est plus loin. Ça ne durera peut-être pas – les giboulées viendront, tout de même, mais cela se sent. Je me souviens d’une rengaine que chantonnait ma mère : «Mars qui rit malgré les averses, prépare en secret le printemps.»
LUNDI 4 MARS
Fabrice Luchini au téléphone. Comment marche Une heure de tranquillité, la nouvelle comédie de boulevard de Florian Zeller qu’il interprète au Théâtre Antoine, à Paris ? Sans prétention, mais avec une touche de satisfaction dans la voix, le génial comédien me dit : – J’entends, venue d’une salle, tous les soirs pleine à craquer, déferler des vagues de rires. Ça a été un défi, pour moi, de passer de la lecture, seul sur scène, de textes parfois difficiles, à ce «boulevard» qui n’est fait que de rebondissements et de situations. Mais j’y prends du plaisir, comme, je crois, les spectateurs.
MERCREDI 6 MARS
Un soir au Parc des Princes. J’assiste à PSG-Valence. Dans les tribunes officielles ou les loges, on voit de très nombreux anciens champions du monde (la fameuse génération de 1998) : Pirès, Vieira, Deschamps. Quelques grands anciens du PSG : Raï, Fernandez. Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, est là, avec son épouse.
Je retrouve le parfum d’une pelouse, les cris et slogans biens scandés d’une foule considérable – calme – sans gestes ou paroles, lesquels, autrefois, avaient transformé les virages en prétextes à provocations et affrontements. C’est fini, tout cela. On est entré dans un univers plus cadré, organisé, pacifié.
L’enjeu de la soirée est gros : se qualifier pour les quarts de finale de la fameuse Ligue des champions. Le public, de plus en plus connaisseur, applaudit particulièrement les remontées de balles de Matuidi, le talent intermittent de Lucas, et à peine fut-il arrivé à la 58e minute, l’impulsion volontariste d’un Gameiro. Ça tourne un peu à l’inquiétude quand Valence marque en premier. Je sens, pourtant, dans les rangs du public, comme une certitude que ça va se débloquer. En effet, à la 66e minute, Lavezzi égalise, et, comme les 44 000 personnes soulagées, je me lève, les bras au ciel.
Le foot – comme tous les sports – vous permet, l’espace d’une soirée, de tout oublier pour retourner aux joies simples de l’enfance. Finalement, à part Thiago Silva, formidable de calme et de savoir-faire, je retiendrai surtout Matuidi : «A l’aise, Blaise» – (c’est son prénom !).
Je reviendrai volontiers au Parc.
VENDREDI 8 MARS
«Journée internationale des femmes». Un sondage récent indiquait que les femmes ont rarement été aussi présentes en politique. Le souci de parité est tellement fort – et légitime – parmi les femmes qui jouent un rôle dans le gouvernement actuel, qu’on aurait, parfois, presque atteint le degré maximum du rire.
Ainsi, lors de l’installation d’un «comité pour l’égalité des femmes et des hommes dans le domaine de la culture», quelqu’un aurait évoqué l’idée qu’il faudrait «compter combien de femmes sont assassinées chaque semaine dans les séries de fiction». Tout le monde espère (et sans doute surtout les femmes) qu’il s’agissait là d’une plaisanterie.
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