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La semaine de Philippe Labro : Imprévisible Benoît XVI, décevant XV de France

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE / DIRECT 8]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

SAMEDI 9 FEVRIER

Au Stade de France, le XV se fait étriller par des Gallois supérieurs en énergie, dynamisme, volonté – et capacité à un peu inventer, alors que chez les Bleus, c’est l’indigence, la non-créativité, et, surtout, la sensation qu’il manque un projet, un leader, une âme, un ressort.

Oh ! la France, où est passé ton rugby ? Je suis tellement affligé que je coupe la télé avant la fin, car il me semble évident que notre équipe va perdre.

Tous les commentaires iront dans le même sens – pour moi, il y a une explication évidente : à force d’engager à prix d’or des mercenaires venus de l’étranger (Afrique du Sud, Fidji, Argentine, etc., au point, me dit-on, que dans les vestiaires de certains grands clubs du Top 14, on parle tout sauf le français !), les entraîneurs ne peuvent plus donner leur chance à des jeunes joueurs français.

 

10, 11 et 12 FEVRIER

Je me retrouve, invité avec d’autres confrères écrivains, à la 26e Foire internationale du livre de Jérusalem. Plus de trente pays sont représentés. Atmosphère cordiale, grand intérêt pour notre littérature. La soirée inaugurale est présidée par Shimon Peres, 90 ans. Le président de l’Etat hébreu maîtrise son verbe, son discours.

Le lendemain, avec la petite brigade venue de Paris, composée, entre autres, d’Amélie Nothomb, Cécile Guilbert, d’un romancier, dramaturge brillantissime, Tobie Nathan, et, bien entendu, des responsables de l’Institut français d’Israël, nous sommes conviés à un déjeuner au consulat – la demeure, style Bauhaus des années 1920-1930, est d’une rare beauté. Quelques personnalités politiques locales sont présentes. Soudain, au milieu de l’apéritif, sous un soleil bienvenu en ce mois de février, la nouvelle tombe sur les portables des uns et des autres : «Le pape démissionne !»

D’un seul coup, les conversations changent, les interrogations fusent. Mais surtout, on sent comme une stupéfaction. J’entends une jeune femme qui sert de guide aux écrivains, catholique fervente, qui dit : «C’est extraordinaire et admirable. C’est d’une grande lucidité. On le croyait conservateur. Il vient de faire un geste quasi-révolutionnaire. Rendez-vous compte : ce n’était pas arrivé depuis 1294 !»

Le lendemain, je lis la presse locale, les éditoriaux analysent l’événement à l’aune de la spécificité d’Israël. On revient sur l’attitude du pape par rapport au peuple juif. On rappelle sa condamnation de l’antisémitisme. Sa visite historique de trois jours en 2009 au musée de Yad Vashem au cours de laquelle il décrivit l’holocauste comme une «atrocité».

Un ami parisien me dit au téléphone : «Tout de même, la question que l’on ne pose pas encore assez, c’est : “comment un homme peut-il reprendre sa liberté à un mandat que lui a donné Dieu ?” Jean-Paul II, qui eut une fin très douloureuse, pathétique, n’avait pas voulu démissionner, car il disait : “Dieu me l’a donné, c’est Dieu qui me le reprendra.”»

 

JEUDI 14 FEVRIER

Un homme, chômeur en détresse, s’immole à Nantes, devant Pôle Emploi. C’est tout simplement bouleversant. On apprend, par ailleurs, que trois adolescents, à quelques jours d’intervalle, se sont suicidés parce qu’ils étaient «harcelés» par leurs camarades. C’est tout aussi bouleversant, inacceptable. A la source de ces faits divers, il y a la solitude d’un côté, le manque d’amour de l’autre.

Et voilà qu’on nous dit qu’en ce sombre jeudi, c’est la Saint-Valentin, «fête des amoureux». Comme beaucoup de rendez-vous du calendrier, n’est-ce pas un prétexte pour vendre accessoires, colifichets, fleurs, etc. ? Sans doute. Si cette fête factice peut néanmoins permettre de reparler des valeurs, du besoin, de l’importance, de l’acte d’aimer, – alors, oui, – fêtons-la, précisément parce que l’actualité est trop triste.

Rien n’efface rien, je sais, mais allons-y, embrassons celles et ceux que nous aimons, cela n’effacera pas la cruauté de ces terribles affaires, disons que ça l’atténuera. 

 

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