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Des étudiants en droit acquittent Gaston Dominici

Gaston Dominici lors de son procès à Digne, en novembre 1954 [ / AFP/Archives] Gaston Dominici lors de son procès à Digne, en novembre 1954 [ / AFP/Archives]

Soixante ans après, le doute profite à l'accusé: Gaston Dominici, 77 ans, accusé d'un triple meurtre en 1952, a obtenu l'acquittement lors d'une reconstitution à Versailles de son procès par des étudiants en droit.

Le 5 août 1952, au petit matin, les cadavres d'une famille britannique, Sir Jack Drummond, son épouse Ann, et leur petite fille Elizabeth, étaient retrouvés près du village de Lurs, en haute Provence. Les parents ont été tués par arme à feu. La fillette a eu le crâne fracassé.

Les enquêteurs s'intéressent rapidement à la famille Dominici, dont la ferme se trouve à 200 mètres des lieux du crime. Un an plus tard, les deux fils, Gustave et Clovis, accusent leur père. Clovis affirme l'avoir entendu clamer être l'auteur des assassinats.

Arrêté, le patriarche passe aux aveux puis se rétracte, assurant avoir voulu préserver le vrai meurtrier, Gustave.

Le procès de Gaston a lieu en novembre 1954 à Digne, dans une ambiance houleuse. Il est condamné à mort, peine commuée en réclusion à perpétuité en 1957 avant une grâce et sa libération en 1960.

Soixante ans plus tard, à l'initiative de l'association Juristribune, de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), des étudiants en droit reconstituent ce procès.

"Quel petit menteur", lance "Gaston Dominici", joué par François Cottier, 21 ans, étudiant en 3e année de droit qui écoute son petit-fils Roger l'accuser.

"Innocenter"

"Mon but, c'est de l'innocenter", a déclaré M. Cottier avant le procès, "Gaston Dominici m'est apparu comme étant quelqu'un qui avait été abusé".

L'étudiant, qui s'est préparé grâce à quelques textes et procès-verbaux, a limité ses recherches "pour ne pas être influencé".

Les témoins, béret ou chapeau vissés sur la tête, défilent à la barre.

Le fils Clovis raconte qu'un soir, son père a dit : "J'en ai déjà tué trois, je peux en tuer quatre".

Le pseudo-commissaire Edmond Sebeille, en charge de l'enquête à l'époque, assure que l'accusé lui a confié peu après la découverte des corps que la mère de famille anglaise "n'a pas souffert", laissant supposer que le vieil homme aurait pour le moins assisté au crime.

Dans son réquisitoire, l'avocat général, joué par un chargé de TD, dénonce les "mensonges" du clan Dominici et argue que "tous les éléments conduisent à Gaston Dominici". "L'accusé n'a qu'une idée en tête: échapper à la justice", tonne-t-il.

Du côté de la défense, on fustige une enquête de police "très critiquable", la scène du crime ayant été polluée par les curieux.

"Notre but est de choisir une affaire où il y a du doute", explique Aurore Sum, 19 ans, organisatrice de la reconstitution. Juristribune organise depuis quatre ans des reconstitutions de grands procès. En 2012, les étudiants s'étaient attelé à l'affaire Ranucci.

"Notre dossier est préparé de la manière la plus objective possible. Comme il est très difficile d'avoir accès au vrai dossier, nous utilisons surtout internet, mais nous croisons les sources pour éviter les erreurs", souligne-t-elle.

Après six heures de procès, le verdict tombe: Gaston Dominici est acquitté.

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