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Éducation : des bébés à l'école

Une cour d'école en France [Fred Dufour / AFP/Archives]

L’Education nationale veut augmenter le nombre d’enfants de moins de 3 ans scolarisés. Un moyen de lutter contre l’échec scolaire.

Du berceau à la salle de classe. Le ministère de l’Education nationale a publié hier au Journal officiel une circulaire donnant priorité à la scolarisation des enfants de moins de 3 ans. But de la manœuvre : «favoriser la réussite scolaire» dès le plus jeune âge pour combattre la dégradation globale des acquis des élèves.

Très développée voici une dizaine d’années, cette arrivée précoce dans les classes s’est depuis effritée, notamment à cause des suppressions de postes dans l’éducation. Alors qu’en 2000, 34,5 % des enfants âgés de 2 ans étaient scolarisés en école maternelle, cette proportion est tombée aujourd’hui à moins de 12 %, avec 94 500 enfants de 2 ans à l’école l’an dernier.

L’Education nationale veut donc relancer la machine avec un objectif précis : repasser, d’ici à trois ans, la barre des 30 %.

Cible privilégiée de cette initiative, les tout-petits issus de milieux défavorisés. Des bambins qui, «pour des raisons sociales, culturelles ou linguistiques», vivent dans une famille où l’école n’est pas toujours la priorité. Celle-ci considère que la scolarisation précoce est un «levier essentiel» pour leur avenir. C’est donc dans les zones urbaines sensibles, en milieu rural isolé et en outre-mer que sera menée en priorité cette action. 

 

Un encadrement approprié

Se pose alors la question de l’encadrement : qui va accueillir ces jeunes élèves supplémentaires dans les classes de maternelles ? D’ici à la fin du quinquennat, le ministère entend créer 3 000 postes de professeurs des écoles, lesquels seront épaulés par les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem). L’enfant peut notamment être intégré dans une classe à plusieurs niveaux, ce qui permettrait, selon l’Education nationale, de le stimuler au contact d’élèves plus âgés.

Certains acteurs de l’éducation, de leur côté, sont mitigés. Le SNUipp-FSU, principal syndicat des enseignants du primaire, félicite ce «nouvel élan», mais pose la question du sureffectif des classes.

Même discours chez le pédopsychiatre Marcel Rufo, favorable à cette scolarisation précoce «pour les enfants présentants des difficultés, sous réserve qu’il ya aient de bonnes conditions d’accueil». Il prévient aussi qu’encadrer des enfants de 2 ans, «l’âge où l’on dit non à tout», est une gageure.

«On veut transformer des bébés en élèves», dénonce pour sa part Laurence Rameau, ancienne directrice de crèche et auteur du livre Les incroyables aventures des bébés (ed. Philippe Duval). A 2 ans, l’enfant a besoin d’explorer son environnement, de faire seul ses propres expériences et ne doit pas être obligé de reproduire ce que fait l’adulte devant lui, selon elle. «Laissons à bébé le temps d’être un bébé».

Et les deux spécialistes de pointer du doigt un autre problème, celui des besoins naturels de l’enfant. Il est censé, à son entrée en maternelle, être «propre». Ce qui est loin d’être le cas de tous à 2 ans.

 

 

> Ce qui se joue en maternelle

Les années passées au sein de l’école maternelle sont loin d’être de tout repos. L’objectif du programme mis en place par l’Education nationale est le suivant : aider chaque enfant à devenir autonome, en vue de réussir ensuite au cours préparatoire (CP). Premier domaine d’apprentissage, le langage.

A la fin de la maternelle, l’enfant doit être capable de nommer un objet, raconter une histoire ou de poser une question. Concernant l’écrit, il doit pouvoir reconnaître et écrire la plupart des lettres de l’alphabet. Il doit aussi pouvoir se repérer dans un espace donné, connaître et chanter une comptine, ou s’exprimer en réalisant un dessin, en sachant notamment reproduire un carré, un rond et un triangle.

 

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"Marcel Rufo : "2 ans, c’est l’âge du «Non»" 

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