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NDDL : l'opposition s'annonce bruyante en 2013

Des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes manifestent devant la prison de Carquefou où deux des leurs sont détenus, le 29 décembre 2012 Des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes manifestent devant la prison de Carquefou où deux des leurs sont détenus, le 29 décembre 2012 [Frank Perry / AFP/Archives]

Entre tracteurs et concerts reggae, l'opposition au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes s'annonce bruyante et rythmée dans le bocage nantais en 2013, au moment où la discussion voulue par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault risque fort de tourner au dialogue de sourds.

Les opposants au projet qui campent dans la pluie et le froid sur le site prévu pour la construction de l'aéroport du grand-Ouest ont prévu de relancer leur mouvement vendredi avec un "Festi-ZAD", trois jours de musique sous chapiteaux. Mercredi, plus de 7.500 personnes avaient annoncé sur Facebook leur intention de s'y rendre.

Après la grande mobilisation de mi-novembre, qui a vu entre 13.000 et 40.000 manifestants converger sur le site, les anticapitalistes de la Zone d'aménagement différé (ZAD) ont fait parler d'eux lors de heurts sporadiques avec les gendarmes chargés de les expulser. La présence de deux jeunes fugueuses, dont une refuse de regagner son domicile, n'a pas forcément donné une bonne image du mouvement, d'où l'intérêt pour les opposants de reprendre l'initiative sur le terrain médiatique: l'Acipa, la principale association d'opposants au projet, vient d'annoncer une chaîne humaine pour le 11 mai et un autre festival musical les 3 et 4 août.

"Nous travaillons à ce que la mobilisation soit de plus en plus importante", confie à l'AFP Julien Durand, porte-parole de l'Acipa.

Le calendrier joue en faveur de ces derniers, estime "Sophie", une occupante de la ZAD qui, comme ses camarades, refuse d'être identifiée sous son vrai nom. Le gouvernement ayant annoncé fin novembre un report de six mois des opérations de défrichage, les bûcherons ne pourront revenir qu'en juillet-août.

"Ce sera l'été, il y aura plein de gens qui pourront être libres pour venir nous soutenir", espère la jeune femme.

"Il y aura plusieurs dizaines de milliers de personnes, ce sera un camping permanent. Si l'Etat décide de passer en force, ce sera très difficile à gérer", pronostique José Bové, l'eurodéputé écologiste, qui voit mal comment les pouvoirs publics pourraient justifier la présence pendant des mois de milliers de CRS sur place.

Tentant de désamorcer le dossier, M. Ayrault, en première ligne en tant qu'ancien député-maire de Nantes et fervent partisan de l'aéroport, a mis en place une commission du dialogue qui a entamé ses auditions juste avant Noël et devra rendre un rapport fin mars. Mais le gouvernement a exclu que cette commission puisse retoquer le projet dans son ensemble et certains opposants comme l'Acipa ont décidé de boycotter ses travaux.

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Des tracteurs protègent un campement d'opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 11 décembre 2012 dans le bocage nantais
 

"La commission, c'est une blague", tranche "Sophie", qui s'attend à ce que les trois sages nommés par le Premier ministre ne remettent pas en cause le bien-fondé du projet. "Ca va mettre l'Etat en position de vouloir passer en force", prévoit-elle.

Du côté des partisans du projet, à savoir l'ensemble des élus PS et UMP de la région, les positions sont tout aussi tranchées. "Ce n'est ni la violence ni des hurlements qui décident à la place de l'application du droit que le suffrage universel est seul à donner", plaide Jacques Auxiette, président PS du Conseil régional des Pays de la Loire, qui dénonce la présence de "professionnels de la guérilla venus d'Europe et d'ailleurs". "On doit être capables de faire des grands projets en France", argumente-t-il.

Le groupe Vinci, concessionnaire du projet qui doit remplacer l'actuel aéroport de Nantes, n'exclut désormais plus un retard dans l'ouverture de l'infrastructure, prévue en 2017 pour un coût qui dépasse 550 millions d'euros. Les travaux proprement dits ne démarreraient plus au mieux qu'au deuxième semestre 2014.

Pour les retarder, les opposants multiplient les recours juridiques, dont un, ayant trait à la loi sur l'eau, doit être tranché en mai par les institutions européennes. "On va faire en sorte que petit à petit, l'esprit d'un moratoire se mette en place", résume le porte-parole de l'Acipa.

Pour José Bové, le rapport de la commission du dialogue pourrait permettre au gouvernement de se sortir du dilemme sans se déjuger si les sages reconnaissent que le projet n'est pas viable économiquement. "2013 pourrait être la fin de ce projet inutile et imposé", espère-t-il.

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