C’est une affaire qui suscite une nouvelle fois bien d’interrogations sur les conditions carcérales des prisonniers français. L’un d’entre eux a récemment été contraint de s’évader du centre de détention de Châteaudun simplement pour sauver sa vie.
Le trafic de drogue est l’un des nœuds gordiens des prisons françaises et ce n’est pas l’histoire qui suit qui les aidera à redorer leur blason.
Stéphane a 35 ans et après une récidive pour conduite en état d’ivresse, la justice l’a condamné à 18 mois de détention. Ce Tourangeau passe sa peine au centre de détention de Châteaudun en Eure-et-Loir.
Il y a environ trois semaines, il bénéficie d’une permission. D’habitude, Stéphane revient toujours dans sa cellule après avoir passé un peu de bon temps aux côtés de sa femme et de ses enfants. Sauf que là, il n’est jamais réapparu au centre de détention de Châteaudun.
Ce qui a mis en branle l’évasion de Stéphane, c’est ce qu’il était devenu en prison : une mule pour malfrats. Certains prisonniers consommateurs de cannabis avaient en effet pris l’habitude de profiter à leur manière des permissions accordées à ce père de deux enfants. Sous-peine de s’en prendre à lui et à sa famille.
Effrayé par ces menaces, Stéphane s’exécute à plusieurs reprises : la première fois, il ramène 125g de résine de cannabis dans son rectum. Mais las de se livrer à ce manège insoutenable, il décide un jour d’y mettre un terme. "Ils me l’ont fait payer. Ils m’ont massacré dans les toilettes.", affirme-t-il ce matin dans les colonnes de l’Echo Républicain.
A l’occasion d’une nouvelle permission le 21 novembre dernier, Stéphane échoue à réceptionner la drogue. La peur des représailles est trop forte, il décide de rester chez lui. "Je veux rentrer en prison pour finir ma peine. Si je retourne à Châteaudun, je suis mort. Et je n’ai pas envie que ma femme et mes enfants finissent dans un coffre de voiture", assure-t-il.
Pour l’heure, Stéphane est toujours en cavale. Par l'intermédiaire de l'ONG de défense des prévenus, Robin des lois, il a entrepris des démarches auprès de l'administration pénitentiaire pour terminer sa peine autrepart qu'à Châteaudun. Il n'a pour le moment reçu aucune réponse.