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Antoine Henry : "Dépister pour casser la dynamique du sida"

[Jody Amiet / AFP]

«Zéro nouvelle infection, zéro discrimination, zéro décès». Tel est l’objectif de l’OMS à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, qui aura lieu samedi. Comme l’explique Antoine Henry, responsable de la communication à l’association Aides, le dépistage est un des outils majeurs pour pour éradiquer, à terme, la maladie.

 

Où en est le sida aujourd’hui en France ?

La progression de l'épidémie est constante, autour de 6 000 à 6 500 nouveaux cas par an. Aujourd’hui 150 000 à 180 000 personnes vivent avec le sida en France, dont environ 40 000 personnes qui ignorent être porteuses du virus

 

Et concernant le dépistage ?

On est à environ 5 millions de sérologies VIH (ou tests de dépistage) chaque année. Un chiffre qui comprend tous les types de dépistages confondus

 

Quels sont-ils, justement ?

Ils peuvent passer, de manière « traditionnelle », par une prise de sang. Elles se font dans les laboratoires privés, les hôpitaux ou au sein des Centres de dépistage anonymes et gratuits, les CDAG. Mais un autre moyen existe, que nous développons depuis 9 mois : le Test rapide d'orientation diagnostique (Trod).

 

Comment fonctionne-t-il ?

Par un simple prélèvement d’une goutte de sang au bout du doigt. Contrairement à la prise de sang, le résultat tombe en quelques minutes. Nos militants, formés mais non médecins, orientent alors les personnes pour une confirmation si le résultat est positif.

Sur les 13 000 tests rapides que nous avons réalisés depuis 9 mois, dont la majorité en dehors de nos locaux, dans la rue ou des lieux publics,  1% ont permis de révéler des cas positifs. Et une personne qui découvre sa séropositivité de façon précoce, c'est une personne qui pourra être prise en charge, qui pourra vivre longtemps et qui ne transmettra plus le virus.

 

Sont-ils fiables ?

La marge d’erreur est infinitésimale (moins de deux pour mille) et concerne uniquement de faux positifs, à savoir des tests qui se sont avérés négatifs après examen par bilan sanguin. Le résultat négatif est fiable à 100%. 

 

Existe-t-il d’autres alternatives pour le dépistage ?

Il existe un autotest salivaire aux Etats-Unis. L’idée n’est pas forcément mauvaise, mais les personnes qui le font, seules, chez elles, doivent pouvoir avoir accès à de l’information, à une orientation, via une hotline par exemple. Il faut qu’il y ait un encadrement suffisant autour, un accompagnement vers une prise en charge médicale et psychologique en cas de résultat positif. L’autotest ne doit pas remplacer le système de dépistage déjà existant, mais le compléter.

 

Revenons sur le système «classique». Est-ce que toutes les personnes qui font une prise de sang viennent aujourd’hui chercher leurs résultats ?

Non, environ une personne sur cinq n’y va pas. Par oubli, manque de temps ou parfois par peur de la réponse. D'où l'intérêt de nos tests à résultat immédiat. Le dépistage doit devenir aussi banal et simple qu'un rendez vous chez le coiffeur !

 

Quelle place tient au final le dépistage dans le combat à mener ?

Le dépistage a un rôle majeur dans la prévention. Il agit pour la santé individuelle, bien sûr, mais surtout collective. Une personne qui se sait atteinte pourra protéger ses partenaires, et donc arrêter de transmettre le virus. Soit le meilleur moyen de casser la dynamique de l'épidémie.

Petite révolution scientifique aussi : une personne sous traitement n'est plus contaminante. Certains pensaient, il y a quelques temps, que le sida était une cause perdue. Mais c’est faux ! Avec un accès massif au dépistage et au traitement, on peut rêver à une fin de l’épidémie en 30 ans. Il faut plus que jamais rester mobilisé.

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