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Le sentiment d'insécurité ne baisse pas

Une voiture de police[AFP]

Un véritable paradoxe. Alors que la délinquance est en baisse dans le pays, le sentiment d’insécurité des Français n’a jamais été aussi fort, comme le montre le rapport annuel de victimisation de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) rendu public mardi. 

Pas moins de 20,7 % des personnes âgées de plus de 14 ans disent se sentir en insécurité en dehors de leur domicile, selon l’enquête Cadre de vie et sécurité, menée entre janvier et avril 2012, que contient le rapport. La crainte y est à son plus haut niveau depuis 2007, date de la première enquête. Ils étaient par exemple 20 % dans ce cas en 2011, et surtout 18,1 % en 2008.

A l’intérieur du domicile, la crainte persiste. 16,3 % des personnes interrogées s’y sentent en insécurité, soit le plus haut niveau jamais atteint. En 2007, cette proportion était de 15 %.

Et pourtant, le bilan de la délinquance est globalement positif cette année, avec une baisse des vols de biens ou de voitures, des violences d’ordre physique ou sexuel, des menaces ou encore des insultes.

Reste que la délinquance apparaît comme l’un des problèmes les plus préoccupants en France pour 49,5 % des sondés, selon la même enquête. Elle se place derrière le chômage (76,5 %)  et la pauvreté (58,6 %), mais devant la santé, le racisme ou bien l’environnement. En 2009, seuls 43,5 % des sondés la plaçaient dans le trio de tête. 

L’insécurité sociale et la peur de la précarisation

Les Français ont donc de plus en plus peur, malgré une stabilité du problème de la délinquance. Comment expliquer alors un tel décalage face à la réalité des chiffres ?

Première raison possible, la crise qui sévit depuis 2008, selon Christophe Soullez, chef de département à L’ONDRP. «Elle joue sur la fragilité des individus, et leurs incertitudes économiques peuvent se traduire en un sentiment d’insécurité globale,une peur de la prédation», note-t-il.

Autre facteur évoqué par l’expert, la place importante que prennent délinquance et insécurité dans le débat public et dans le monde politique.

Il remarque, enfin, la hausse du nombre de cambriolages en France. «C’est un acte très mal ressenti par les victimes. On entre dans leur intimité, on prend leurs photos, on touche à leurs souvenirs personnels. Elles en parlent après facilement autour d’elles, ce qui alimente les craintes.»

Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS, insiste pour sa part sur la distinction importante à faire entre délinquance et sentiment d’insécurité. Ce dernier, «qui relève de l’émotion, est une peur personnelle qui ne touche pas forcément les victimes de la délinquance, mais plutôt les personnes les plus vulnérables».

Elles sont donc, à l’instar des personnes âgées ou des habitants de quartiers difficiles, dans la crainte d’être elles-mêmes un jour victimes
 

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