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Vélib : la chambre régionale des comptes épingle la qualité du service

Des vélos en libre service Vélib [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives] Des vélos en libre service Vélib [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives]

La chambre régionale des comptes (CRC) d'Ile-de-France épingle dans un rapport la qualité du service parisien de vélos en libre service Vélib, estimant notamment que près de 5.500 vélos manquent à l'appel.

Selon ce rapport qui sera rendu public la semaine prochaine et dont l'AFP a obtenu copie, l'exploitant de Vélib, Somupi, une filiale à 100% de JCDecaux, aurait dû mettre à disposition des usagers 23.801 vélos dans 1.742 stations de Paris et de banlieue.

"Or malgré les clauses du contrat, tous les vélos prévus n'ont pas été mis à la disposition des utilisateurs. Sur les six premiers mois de 2010, le nombre de vélos disponibles a été en moyenne de 18.210", souligne-t-elle.

De plus, loin d'appliquer les pénalités initialement prévues au marché dans ce cas de figure, la Ville a mis en place de nouvelles dispositions qui ne prévoient de sanction que lorsque le nombre de vélos disponibles est inférieur à 75% du nombre contractuel, souligne la chambre.

Ce taux permet une régulation optimale en évitant d'avoir des stations vides comme des stations pleines, justifie la Ville.

Mais "cette argumentation serait recevable si la preuve d'une régulation optimale avait été apportée. Ce n'est pas le cas, bien au contraire", critiquent les auteurs du rapport.

Vingt-cinq véhicules tournent dans Paris et 30 communes limitrophes pour améliorer la répartition des vélos dans les stations. Mais "85% de l'activité de régulation (...) est consacrée à quatre arrondissements" (les XIVe, XVIIIe, XIXe et XXe), souligne en effet la CRC.

La chambre déplore également la mise en place d'"indicateurs de qualité (...) peu satisfaisants". Ainsi "la rapidité de l'accès à un vélo (...) ne peut être mesurée valablement", puisque sont comptabilisés comme disponibles même les vélos souffrant de "défaillances techniques, parfois majeures".

Autres reproches: la Ville n'a pas utilisé ses pouvoirs de contrôle des comptes de Somupi, et elle ne perçoit pas les recettes de locations et d'abonnements de Vélib dans le cadre d'une régie, comme le prévoyait le marché. Ces recettes sont perçues directement par Somupi qui les reverse ensuite à la Ville, ce qui n'est "pas légal".

Pour le groupe écologiste au Conseil de Paris, "l'enquête de la CRC montre un rapport de force insuffisant entre la Ville et le publicitaire". "Ces dérives à répétition sont la conséquence logique et regrettable de la mise sous tutelle d'un moyen de déplacement innovant -le vélo en libre service- au bénéfice du tout puissant publicitaire", déplore-t-il dans un communiqué.

Interrogé par l'AFP, le maire adjoint en charge des Transports Julien Bargeton a rappelé que Vélib était un "succès populaire incontestable", qui "n'a pas coûté un centime à la Ville". Il a promis la création d'un "indicateur global de qualité" et la réalisation d'un audit.

Albert Asseraf, directeur général stratégique de JCDecaux, a fait valoir le fort taux de satisfaction des utilisateurs de Vélib, avec 246.000 abonnés au 1er novembre, 40% de plus qu'en mai 2011.

Il a souligné que sur le nombre total de vélos (27.000), beaucoup n'étaient pas "sur le terrain" pour des questions de régulation.

Vainqueur de l'appel d'offres de la Ville contre l'américain Clear Channel, Somupi a commencé à déployer le Vélib en 2007. La société finance le dispositif et verse le produit des abonnements et locations à la Ville (16 millions d'euros en 2011), en se rémunérant grâce à l'exploitation publicitaire des mobiliers urbains.

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