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Trêve hivernale : suspension des expulsions

Le 30 octobre 2009, des familles investissaient à l'appel de Droit au Logement (DAL), la chambre nationale des huissiers à Paris, avant la trêve hivernale des expulsions, effective cette année là le 2 novembre.[FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Les locataires menacés d'expulsion seront en sursis à partir de mercredi soir, date d'entrée en vigueur de la trêve hivernale, alors que les demandes d'hébergement d'urgence explosent.

Les "19.000 places nouvelles" annoncées par la ministre du Logement Cécile Duflot pour l'hiver doivent être mobilisables à partir de ce même jour, alors que les températures ont fortement chuté dans toute la France.

La trêve commence ce jeudi, mais comme les expulsions ne peuvent se dérouler entre 21H00 et 6H00 du matin, elle avait déjà débuté mercredi à 21H00.

Jusqu'au 15 mars, les locataires ne pourront être expulsés (sauf en cas de squat), même si leur propriétaire a engagé une procédure judiciaire.

En 2011, 113.669 décisions judiciaires d'expulsion ont été rendues (+4% sur un an et +40% en 10 ans), et 12.760 expulsions ont eu lieu avec le concours de la force publique (+9% sur un an, un doublement en dix ans), selon les ministères de la Justice et de l'Intérieur.

"Mais on estime à 50.000 le nombre de familles expulsées, car beaucoup partent sous la pression des huissiers ou de gros bras, ou quittent leur logement en catimini, par honte", précise Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

Il dénonce comme chaque année une accentuation des expulsions en octobre, juste avant la trêve. Ce que dément Patrick Safar, trésorier de la Chambre nationale des huissiers de justice. "On intervient quand on a le concours de la force publique, mais souvent la préfecture ne nous l'accorde qu'en dernière minute", dit-il.

Il précise que 90% des procédures "se résolvent par un départ volontaire. A partir du moment où il y a une décision de justice, il faut l'appliquer. Mais on essaie que la décision soit la moins douloureuse possible", ajoute-t-il.

 

Familles à la rue

Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement (DAL), constate lui une hausse du nombre de personnes menacées d'expulsion dans les permanences de son association. "On essaie d'intervenir auprès des préfectures pour obtenir des sursis. On y arrive parfois mais pas toujours".

"Les familles sont expulsées, les conseils généraux n'arrivent pas à les reloger, les familles se tournent vers le 115 (numéro d'appel d'urgence pour les sans-abri) qui est saturé", résume-t-il.

Dans plusieurs villes de France, pouvoirs publics et associations ont constaté une hausse des demandes d'hébergement d'urgence, notamment de familles à la rue. A Paris, 400 appels sur les 1.200 que reçoit le Samu social chaque soir restent sans solution.

C'est le cas de Mohamed Haouam, 31 ans, et sa femme Ahlem, 22 ans. Parents d'un petit garçon de 1 an, ils ont été expulsés le 17 octobre de leur logement social, au motif qu'ils l'occupaient "sans droit ni titre", puisqu'il était au nom d'une parente qui avait laissé une dette de 5.000 euros.

Le couple payait pourtant le loyer et avait proposé de s'acquitter de la dette "avec un calendrier", explique Mohamed à l'AFP, qui avait entièrement repeint l'appartement couvert de moisissures.

Le jour de l'expulsion, en l'absence de son mari parti en Algérie, Ahlem a dormi avec son fils dans la cage d'escalier. Depuis, la famille, éligible Dalo (Droit au logement opposable), appelle le 115 plusieurs fois par jour, sans solution.

Une circulaire, envoyée vendredi aux préfets, prévoit que désormais les familles reconnues prioritaires Dalo ne seront plus expulsées tant qu'elles n'auront pas obtenu une autre solution de relogement. "Trop tard" pour beaucoup de familles, soulignent les associations.

Pour faire face, Cécile Duflot n'a pas exclu samedi de mettre en oeuvre la réquisition de logements vacants, un dispositif rarement appliqué.

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