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Hausse des usurpations d'identité

Des cartes d'identité françaises [Jean-Pierre Muller / AFP/Archives] Des cartes d'identité françaises [Jean-Pierre Muller / AFP/Archives]

Poussée par l'arrivée sur le marché clandestin du "pack identitaire", regroupant plusieurs vrais-faux documents, l'usurpation d'identité progresse sensiblement en France mais plus d'un tiers des Français estiment que le risque d'en être victime est peu élevé.

Selon un sondage CSA présenté lors d'une conférence de presse mercredi à Paris, 8% des Français (400.000 personnes) déclarent avoir été victimes d'usurpation d'identité au cours des dix dernières années contre 4% en 2009.

Parmi ces victimes, Adrien, 32 ans, intermittent du spectacle, délesté cet été de plusieurs milliers d'euros sur son compte bancaire. "Quelqu'un a retiré à plusieurs reprises de l'argent sur mon compte avec un faux passeport à mon nom obtenu à l'aide de fiches de paye et contrats de travail volés dans ma boîte aux lettres", a-t-il raconté à l'AFP. Il a pu prouver sa bonne foi et récupérer son argent.

Le doublement du nombre des victimes a "surpris" Christophe Naudin, spécialiste de criminalité identitaire, d'autant que cette enquête de victimation avait été réalisée trois ans plus tôt avec les mêmes questions et le même échantillon, fait-il remarquer à l'AFP.

Cette forme de délinquance, estimée à plusieurs milliards d'euros par an, est en passe de devenir la deuxième infraction en France devant les cambriolages (333.338 en 2011) et derrière le vol de véhicules (552.125 en 2011).

Pourtant 34% des personnes interrogées estiment que ce risque est "peu élevé ou totalement nul", 45% qu'il est "assez élevé" et 18% qu'il est "très élevé".

Par ailleurs, une très grande majorité des Français (75%) disent avoir fourni une copie papier de données personnelles (relevé d'identité bancaire, de téléphone ou d'électricité ...) pour louer un appartement ou souscrire un abonnement. Mais, après utilisation de ces documents, le sondage relève que plus d'un tiers des Français ne détruisent pas systématiquement leurs documents contenant des données personnelles.

Empreintes digitales ou rétiniennes

Enfin 40% des Français ignorent l'existence du marché noir des papiers d'identité et notamment celle du "Pack identitaire", apparu il y a cinq ans, selon M. Naudin. Ce "pack", explique le criminologue, vise à regrouper "plusieurs documents cohérents" (copie ou originaux) pour tromper l'administration et obtenir un document officiel.

Selon lui, le "pack de base" (copie de carte nationale d'identité ou de titre de séjour, Carte vitale appartenant à une personne existante) se vend de 2.000 à 4.000 euros. Dans le "pack plus", s'ajoute la copie d'un permis de conduire et celle d'un RIB, pour un coût minimum de 3.000 euros. Le "pack premium" est une composition d'originaux des documents précédents, abondés de fiches de paie ou de quittances de loyer (5.000 euros ou plus).

Pour combattre ce fléau, Christophe Naudin plaide pour l'utilisation de la biométrie avec l'introduction systématique dans la carte à puce de la CNI et du passeport d'empreintes digitales ou rétiniennes.

Le Parlement a adopté en mars une loi sur la "protection de l'identité", visant à lutter contre les usurpations d'identité en instaurant un mégafichier des données biométriques de tous les Français. Un dispositif censuré trois semaines plus tard par le Conseil constitutionnel au nom du respect de la vie privée.

Mais les juges constitutionnels ont validé l'article instaurant la carte d'identité biométrique qui devrait être munie de deux puces électroniques, dont l'une avec toutes les données biométriques d'un individu (couleur des yeux, empreintes digitales).

L'usurpation d'identité est désormais passible de sept ans d'emprisonnement et de 100.000 euros d'amende.

 

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