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Les imams français invités à dissuader les fidèles de manifester

La Grande Mosquée de Paris, le 19 septembre 2012 La Grande Mosquée de Paris, le 19 septembre 2012[THOMAS SAMSON / AFP]

Pour la grande prière du vendredi dans les mosquées françaises, les imams étaient invités par les instances religieuses à dissuader les fidèles de manifester samedi, après la colère suscitée par les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo et un film islamophobe.

"Je réitère mon appel à ne pas manifester" samedi, a déclaré vendredi matin sur RFI le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui, estimant que si "l'indignation des musulmans de France est légitime", "le contexte actuel fait que manifester dans les rues n'est pas la solution".

La diffusion sur internet d'extraits du film anti-islam "Innocence of Muslims" et la publication mercredi par Charlie Hebdo de caricatures du prophète Mahomet ont été ressenties comme une provocation par la communauté musulmane, en France comme à l'étranger.

Paris a d'ailleurs annoncé par précaution la fermeture ce vendredi des ambassades, consulats et écoles françaises dans une vingtaine de pays musulmans.

Interrogé par l'AFP, le Quai d'Orsay a indiqué qu'aucun incident particulier n'avait été signalé en début de matinée dans ses représentations diplomatiques ou au sein de la communauté française expatriée (forte d'environ 2 millions de personnes).

En déplacement à Marseille, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a déclaré qu'il n'avait "pas d'inquiétude" sur l'attitude de la communauté musulmane envers les caricatures de Mahomet, tout en précisant avoir donné des "instructions très fermes" pour interdire toute manifestation.

Des appels à manifester samedi dans plusieurs grandes villes de France ont été relayés via les réseaux sociaux avec le slogan "Touche pas à mon prophète".

Mais une manifestation prévue devant la Grande Mosquée de Paris a été interdite par la préfecture de police, tout comme une autre, à l'appel d'un collectif d'associations, sur la place du Trocadéro. A Lyon, une autre a été annulée par les organisateurs.

 

Manifestations contreproductives

Outre un renforcement du nombre de policiers en tenue dans certains endroits stratégiques, les transports devraient faire l'objet d'une attention particulière, dans le cadre d'un dispositif policier spécifique.

Après les plaintes déposées par deux associations contre Charlie Hebdo, le CFCM étudie "la possibilité de porter plainte" contre l'hebdomadaire satirique pour "volonté délibérée d'offenser" les musulmans, notamment en utilisant le droit local d'Alsace-Moselle, qui punit le blasphème, a précisé M. Moussaoui.

Mais cette législation spécifique ne concerne que les catholiques, protestants et juifs, a estimé vendredi l'Institut du droit local à Strasbourg.

En attendant, M. Moussaoui estime que "toute manifestation dans le contexte actuel peut faire l'objet de manipulations et être contre-productive. Les musulmans de France doivent respecter le cadre légal dans lequel les manifestations sont autorisées".

Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a aussi annoncé "la lecture d'un message" d'apaisement pendant la prière vendredi, et celui de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a appelé à "ne pas tomber dans le piège" d'une révolte.

Loin d'apaiser le climat, la présidente du Front national Marine Le Pen s'est prononcée vendredi pour l'interdiction du voile et de la kippa dans l'espace public, y compris dans "la rue", dans un entretien au Monde.

"Tout ce qui déchire, oppose, divise est maladroit", a aussitôt répondu le président François Hollande, interrogé en marge de l'inauguration à Drancy d'un mémorial de la Shoah.

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