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La presse, même tiraillée, fait front derrière Charlie Hebdo

Charb, le patron de Charlie Hebdo (C) le 19 septembre 2012 à Paris [Thomas Samson / AFP] Charb, le patron de Charlie Hebdo (C) le 19 septembre 2012 à Paris [Thomas Samson / AFP]

La presse fait front jeudi au nom de la liberté d'expression derrière Charlie Hebdo, très critiqué après la publication de caricatures de Mahomet, même si plusieurs éditorialistes y voient une "provocation" regrettable dans un contexte d'extrêmes tensions.

Le journal catholique La Croix déplore de voir l'hebdomadaire satirique "souffler sur les braises pour afficher sa noble résistance aux extrémismes" car cela "conduit à blesser de simples croyants et à ruiner les efforts de ceux qui tentent de faire vivre dans notre pays un islam respectueux des lois de la République", écrit Dominique Quinio, qui "rêverait qu'à la provocation, réponde une sage indifférence".

Le Monde dans son éditorial estime lui aussi que "les caricatures incriminées sont de mauvais goût, voire affligeantes. Elles sont surtout publiées à un moment qui va contribuer sciemment à mettre de l'huile sur le feu" après une semaine de violences dans le monde provoquées par un film islamophobe.

Mais pour le quotidien du soir, "l'on ne saurait renvoyer dos à dos Charlie Hebdo et ses inquisiteurs. D'un côté l'on veut faire rire et vendre, de l'autre on lance des anathèmes".

"En appeler au sens des responsabilités des dessinateurs, leur demander d'y réfléchir à plusieurs fois avant de publier, les exhorter à prendre en compte le contexte géopolitique comme s'ils étaient porte-parole du Quai d'Orsay, c'est mettre le doigt dans un engrenage dont le premier cran est l'autocensure et le dernier la capitulation", tranche Nicolas Demorand dans Libération, dont le journal avait accueilli Charlie Hebdo après l'incendie criminel de ses locaux en novembre 2011 après la parution d'un numéro spécial baptisé "Charia Hebdo".

La "solidarité corporatiste", pour reprendre les mots de Jacques Camus dans La République du Centre, fonctionne elle aussi à plein parmi les éditorialistes de la presse régionale au nom des grands principes rappelés avec force.

"Au pays de Voltaire, qui n'eut de cesse de combattre l'obscurantisme religieux, la cause de Charlie Hebdo ne se marchande pas", martèle Ivan Drapeau dans La Charente libre.

"La liberté de parole n'est pas un gadget pour Occidentaux repus. Mais bel et bien une valeur commune et un droit universel", renchérit Patrick Pépin de Nord Eclair.

Pour Rémi Godeau (Est républicain), "la liberté d'expression ne souffre pas l'exception" et "seule la loi de tous peut mettre le holà à ce droit fondamental. Pas les fondamentalistes".

"Quand bien même les caricatures de Charlie Hebdo seraient plus douteuses que drôles, et elles le sont, le droit d'écrire, de montrer ou de se moquer est imprescriptible", fait valoir Daniel Ruiz dans La Montagne, qui regrette néanmoins de voir Charlie Hebdo "jouer les apprentis sorciers".

Certains éditorialistes régionaux n'exonèrent pas la direction de Charlie Hebdo de toute erreur.

Les nouvelles caricatures arrivent comme des "étincelles sur un baril de poudre", constate Francis Brochet dans Le Progrès.

Jacques Camus (La République du Centre) juge que "l'usage de la liberté satirique ne saurait se pratiquer en méconnaissance d'un danger potentiel lié à un contexte. Le moment n'était assurément pas bien choisi".

"Ailleurs, des vies sont en jeu. N'est-elle pas là, la limite ?", demande Olivier Pirot dans La Nouvelle République du Centre Ouest.

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