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Les éthylotests sont-ils cancérigènes ?

Un conducteur en possession d'un éthylotest chimique jetable[AFP]

Désormais obligatoires, les éthylotests attendus par millions inquiètent les défenseurs de la nature à cause d'une substance classée cancérigène présente dans les "ballons" à usage unique, qui pourraient être collectés après utilisation, par précaution, via une filière spécifique.

Quelque 38 millions de voitures en France, deux éthylotests recommandés par véhicule et un produit périmé au bout d'un ou deux ans : l'équation fait saliver les fabricants de "ballons" à usage unique mais inquiète l'ONG Robin des Bois.

"Cela pourrait représenter 80 millions d'unités par an", selon son président Jacky Bonnemains, qui a écrit à la ministre de l'Ecologie Delphine Batho.

"Ces éthylotests chimiques contiennent du dichromate de potassium, une substance classée cancérigène pour l'homme et très toxique pour les organismes aquatiques", a-t-il ajouté. Il pointe notamment le risque pour les enfants qui s'amuseraient avec les "ballons" mais aussi pour la nature après usage: mis en décharge, ils pourraient à terme polluer les eaux.

 

Collecter les éthylotests usagés ?

Pour l'association, pas question de jeter ces produits dans une simple poubelle, comme le recommanderaient les fabricants : il faut les collecter comme c'est le cas pour les piles ou les ampoules basse consommation.

Le ministère de l'Ecologie a répondu mardi "réfléchir" à la possibilité de le faire via une "nouvelle filière des Déchets diffus spécifiques (DDS)". Celle-ci a été créée début 2012 pour collecter les déchets ménagers issus de produits présentant un risque pour la santé et l'environnement (solvants, peintures, vernis, extincteurs).

"C'est une filière nouvelle, en cours de constitution, il faut qu'on évalue d'abord sa capacité d'absorption", a-t-on précisé.

Du point de vue sanitaire, "compte tenu de la très faible quantité (de chlorure de potassium dans un éthylotest), une ingestion accidentelle n'exposerait qu'à une irritation buccale ou des muqueuses", a néanmoins rassuré le ministère.

 

Sujet neuf

Les éthylotests, chimiques ou électroniques, sont obligatoires depuis le 1er juillet pour chaque véhicule à moteur circulant sur les routes françaises, à l'exception des cyclomoteurs (moins de 50 cm3 et 45 km/h maximum).

La sanction en cas d'infraction - une amende de 11 euros - n'entrera toutefois en vigueur qu'au 1er novembre 2012.

Le marché des éthylotests chimiques, qui seront les plus répandus en raison de leur prix (autour de 1,50 euro), est tenu par deux fabricants, les seuls dont les appareils sont homologués aux normes françaises.

La société héraultaise Contralco, l'un d'entre eux, avait démenti la semaine dernière la dangerosité de ses produits. Le groupe avait notamment indiqué que ses éthylotests à usage unique contenaient une teneur en Chrome VI, un composé du dichromate de potassium, "500 fois inférieure" aux chiffres avancés à l'origine par Robin des Bois.

Ce composé "possède aussi la propriété de se transformer rapidement au contact de l'air en chrome III, dont l'impact environnemental est réduit", avait souligné son directeur commercial, Guillaume Neau.

Le sujet est neuf. Les experts de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ne se sont jamais penchés sur la question des éthylotests.

Un organisme réunissant des chimistes rattaché à la Maison de la chimie, Chimie et Société, a également demandé, avec la Société chimique de France, que soient traités spécifiquement les éthylotests usagés.

"Ce qui nous a fait réagir, c'est la quantité. Jusqu'ici, c'était un produit confidentiel utilisé par la gendarmerie et la police", a expliqué à l'AFP Lydie Valade, directrice de recherche au CNRS, qui préside Chimie et Société. Et de conseiller, pour éviter tout problème avec les enfants, de stocker ces "ballons" dans le coffre plutôt que dans la boîte à gants.

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