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Les téléphones d'urgence pour femmes en danger déployés à Paris

Jean-Paul Huchon (g), Najat Vallaud-Belkacem et Fatima Lalem présentent un téléphone mobile d'urgence, le 13 juillet 2012 à Paris[AFP]

Expérimenté avec succès en Seine-Saint-Denis et dans le Bas-Rhin, le dispositif des téléphones portables d'urgence remis aux femmes victimes de violences conjugales s'implante à Paris, et "a vocation à essaimer" en France, a affirmé vendredi la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.

Quand des dispositifs fonctionnent, "l'Etat doit impulser leur généralisation", a affirmé la ministre, qui a fait part de son "obsession" d'avoir "un service public qui a le devoir de répondre présent à chaque fois qu'une femme est confrontée à l'urgence".

Ce dispositif est simple: une femme repérée comme étant en très grand danger se voit attribuer par le procureur de la République un portable pour 6 mois, renouvelable une fois, après évaluation de sa situation par le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF).

Menacée, la victime appuie trois fois sur une touche du téléphone, est immédiatement connectée à une plateforme dédiée de l'opérateur Mondial Assistance, ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec des opérateurs formés déclenchant, si besoin, l'envoi des forces de police.

D'autres numéros pré-enregistrés lui permettent de dialoguer avec des associations.

Système d'alerte très répandu en Espagne, il a été déployé de manière expérimentale en Seine-Saint-Denis à partir de novembre 2009.

Depuis, 78 femmes en ont bénéficié, dont 31 en sont actuellement porteuses, selon le parquet de Bobigny, qui a précisé à l'AFP qu'au cours des deux premières années, "un tiers des femmes a actionné le téléphone d'alerte une ou plusieurs fois pour des situations d'urgence".

Dans le Bas-Rhin, 18 femmes en ont bénéficié depuis le lancement en janvier 2011, dont 5 actuellement, a indiqué le parquet de Strasbourg.

A Strasbourg, une femme sauvée par ce dispositif

"Si dans la majorité des cas les femmes appellent pour vérifier que le téléphone fonctionne bien ou pour être rassurées, dans 10% des cas c'est une urgence", a fait valoir François Molins, procureur de la République de Paris, initiateur du dispositif quand il était en poste en Seine-Saint-Denis.

M. Molins raconte ainsi qu'une femme à Strasbourg a eu la vie sauve grâce à ce dispositif, les policiers étant intervenus pour interpeller son mari qui la pourchassait avec un couteau.

Passionaria de la cause des femmes dans le "93", Ernestine Ronai a salué l'extension du dispositif qui "a permis à des femmes de reprendre leur vie en main et aussi de reprendre une vie ordinaire".

"En terme de violences sexistes, Paris ne déroge pas à la règle", a rappelé Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris en charge de l'égalité femmes-hommes. Ce dispositif est un outil supplémentaire de Paris dans sa politique de lutte contre les violences faites aux femmes.

En partenariat avec le parquet de Paris et la préfecture de Police, un réseau d'aide aux victimes existe dans 12 arrondissements et 150 référents "violences conjugales" travaillent dans les commissariats parisiens.

Les chiffres sur ce type de violences sont difficiles à établir, quand seules environ 10% des victimes portent plainte. Mais M. Molins a fait part de 1.951 plaintes et procès verbaux traités en 2011, dans le cadre d'une "politique particulièrement offensive" du parquet en la matière.

Pour lui, ces téléphones sont avant tout "un outil très intéressant pour assurer l'effectivité des interdictions" faites à un homme d'entrer en contact avec sa victime, soit avant une condamnation, notamment dans le cadre d'une ordonnance de protection, soit après condamnation avec sursis et mise à l'épreuve.

Pour le démarrage parisien, 15 téléphones sont prévus. Le dispositif coûte 49.000 euros, co-financés par les ministères concernés, la Ville de Paris et la région Ile-de-France notamment.

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