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Le présumé tueur au scooter est assiégé par le Raid

Un homme de 24 ans, un Français se réclamant d'Al-Qaïda et fortement soupçonné d'être le tueur au scooter, était cerné mercredi matin dans un quartier résidentiel de Toulouse par le Raid et la police enquêtant sur la série d'assassinats hors du commun qui ont choqué la France[AFP]

Le présumé tueur au scooter, un Français de 23 ans se réclamant d'Al-Qaïda, est cerné depuis mercredi matin dans un quartier résidentiel de Toulouse par le Raid et d'autres services de police enquêtant sur la série d'assassinats qui ont choqué la France.

Mohamed Merah, 23 ans, d'origine algérienne et qui aurait participé au jihad (la "guerre sainte" islamique) dans les zones troublées de la frontière pakistano-afghane, est retranché depuis environ 3H00 du matin dans un petit immeuble de briques rouges et de béton du quartier de la Côte Pavée.

Après avoir beaucoup échangé à travers la porte avec les , leur avoir expliqué son parcours et dit à plusieurs reprises son intention de se rendre, Mohamed Merah a rompu les contacts, puis les a repris en début d'après-midi, a-t-on appris de source proche de l'enquête à Toulouse, où le président Nicolas Sarkozy est arrivé en début d'après-midi.

Des "explosifs" ont été retrouvés lors de perquisitions dans la voiture de l'un des frères de Mohamed Merah qui a été interpellé mercredi matin, a-t-on appris de source policière.

Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agit du frère "engagé lui aussi dans l'idéologie salafiste", comme l'avait qualifié le ministre de l'Intérieur Claude Guéant mercredi matin peu après l'annonce de son interpellation.

Celui qui est suspecté d'avoir froidement assassiné trois enfants et un enseignant juifs, ainsi que trois parachutistes depuis le 11 mars, a manifesté sa détermination quand les policiers sont venus l'interpeller vers 3H10.

Il a tiré à travers la porte et blessé l'un d'entre eux au genou. Un autre policier a été légèrement blessé au cours de cette opération minutieusement préparée par une réunion qui s'est prolongée tard dans la nuit.

Mohamed Merah est "hors d'état de nuire", a assuré le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Après s'être calfeutrés pendant des heures à la demande la police, les habitants de l'immeuble ont été évacués en fin de matinée, ont constaté les journalistes de l'AFP.

A priori, les conditions sont ainsi créées pour une intervention décisive. Mais comme l'ont dit M. Guéant et M. Sarkozy, "notre souci c'est bien sûr de l'interpeller vivant. Il y va du bon fonctionnement de la justice. C'est un impératif pour nous".

Selon M. Guéant, Mohamed Merah est un petit délinquant connu pour une petite dizaine de délits, dont certains avec violences, qui s'est radicalisé "dans un groupe salafiste" à Toulouse avant de partir en zone pakistano-afghane.

Il aurait été arrêté à Kandahar, en Afghanistan, pour des faits de droit commun, selon une source proche de l'enquête.

"Il revendique être un moudjahidine (un combattant de Dieu), appartenir à Al-Qaïda et avoir voulu venger les enfants palestiniens autant qu'avoir voulu s'en prendre à l'armée française compte tenu de ses interventions à l'extérieur", a dit M. Guéant à la presse sur place.

"Cette personne a effectué des séjours en Afghanistan et Pakistan dans le passé, c'est quelqu'un qui a des attaches avec des personnes qui se réclament du salafisme et du jihadisme", a dit M. Guéant.

Le suspect visé par le Raid "fait partie de ces gens de retour de zones de combat qui ont toujours été une inquiétude pour les services", a indiqué une source proche de l'enquête.

Les services de renseignement occidentaux estimaient récemment à quelques dizaines ces jeunes jihadistes de retour des zones troublées à la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan, dont quelques-uns en France où les dernières attaques islamistes remontent à la vague d'attentats à la bombe de 1995.

Mohamed Merah était suivi depuis plusieurs années par le Renseignement intérieur français, mais rien n'avait indiqué jusqu'alors qu'il pouvait passer à l'action radicale, a dit M. Guéant.

Après l' de trois parachutistes les 11 et 15 mars, les policiers ont recoupé leurs listes d'individus à surveiller avec des renseignements recueillis au cours de l'enquête, comme une adresse électronique qu'aurait utilisée Mohamed Merah, mais aussi des témoignages selon lesquels il s'était renseigné chez un concessionnaire pour désactiver le mouchard électronique permettant de géolocaliser son scooter.

La mère du suspect, ses deux soeurs et ses deux frères ont été interpellés, a dit M. Guéant. Un des frères "est engagé lui aussi dans l'idéologie salafiste", a dit le ministre. Les autres gardes à vue sont "de précaution".

S'il était confirmé que l'individu est bien l'homme le plus recherché de France, serait dissipée la menace continuant de peser après une série de sept assassinats de sang-froid ayant choqué la France et Israël, suscité les condamnations internationales et mis la campagne présidentielle entre parenthèses.

Tous les services de police judiciaire étaient mobilisés dans une gigantesque chasse à l'homme, dont la sanglante équipée a atteint le comble de l'horreur lundi: après l'assassinat de trois parachutistes à Toulouse et Montauban les 11 et 15 mars, le tueur au scooter s'est attaqué ce jour-là à l'école Ozar Hatorah de Toulouse, tuant un enseignant religieux, Jonathan Sandler, 30 ans, ses deux fils Gabriel et Arieh, 4 et 5 ans, et la petite Myriam Monsonego, 7 ans, fille du directeur de l'école.

L'opération en cours à Toulouse se déroulait alors que devaient être célébrées les obsèques militaires des parachutistes à Montauban mercredi après-midi, en présence de M. Sarkozy et de cinq autres candidats à la présidentielle, et qu'Israël enterrait dans la douleur les quatre victimes juives dans le plus grand cimetière de Jérusalem.

Au nom d'une communauté traumatisée, le président du Consistoire central israélite Joël Mergui, qui a accompagné le retour des dépouilles en Israël, s'est déclaré "soulagé" mais aussi "inquiet", "parce que nous nous demandons si d'autres personnes en France sont capables de commettre de tels meurtres", a-t-il dit.

Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a mis en garde contre le risque d'un "amalgame entre la religion musulmane à 99% pacifique, citoyenne, responsable, non-violente et tout à fait intégrée dans notre pays et ces mini-petites franges de gens décidés à faire un mal atroce".

M. Sarkozy, qui était attendu mercredi à Toulouse au chevet des survivants des tueries et des policiers blessés, lui a fait écho en appelant à "ne céder ni à l'amalgame ni à la vengeance".

Dans la Ville rose, qui vivait depuis lundi dans la peur, placée -une première fois en France- sous le régime du plus haut niveau du plan Vigipirate, le maire socialiste, Pierre Cohen, a exprimé le "soulagement" de tous les Toulousains.

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