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Une liste à la tête du client, par Pierre Ménès

Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin. Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin.[MERIADECK POUR DIRECT MATIN]

Tout le monde était devant son poste de télévision, ce jeudi soir, à attendre religieusement la liste des 23 de Didier Deschamps pour l’Euro. Mais tous ceux qui suivent, même que d’un œil, l’équipe de France, auraient pu constituer cette liste. Le sélectionneur tricolore aurait difficilement pu faire plus classique, même si je n’attendais rien, je n’avais aucun espoir et que j’étais persuadé qu’il n’y aurait aucune surprise.

Si on se penche sur ses choix, Deschamps a donc sélectionné huit défenseurs, alors que les Tricolores vont disputer la compétition à domicile, quand, de son côté, la Belgique a pris huit attaquants. Pourtant, avec les difficultés en défense centrale et l’éclosion de talents offensifs, le point fort de l’équipe de France est clairement l’attaque. Ce n’est pas dans les gènes de Deschamps, mais on aurait pu imaginer un groupe avec au moins un élément offensif supplémentaire. Du coup, avant même le début du tournoi, on sait déjà qu’on va jouer dans le bon vieux schéma tactique des familles, en 4-3-3.

Et puis, j’ai quand même beaucoup de mal à comprendre qu’on puisse faire une liste avec autant de joueurs qui ne sont pas vraiment titulaires dans leur club, comme Christophe Jallet, Raphaël Varane, Eliaquim Mangala, Olivier Giroud ou encore des joueurs qui ont réalisé des saisons médiocres à l’image de Yohan Cabaye et Moussa Sissoko. Sans parler de Jérémy Mathieu, qui ne joue pratiquement jamais à Barcelone, et qui, de plus, revient à peine de blessure.

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Mais le plus navrant reste la liste des huit réservistes. On ne sait pas s’il y a une dimension politique dans ce choix, mais on a l’impression que tous les joueurs que beaucoup d’amoureux du football désiraient, avec Hatem Ben Arfa en tête de gondole, se retrouvent parmi les réservistes. Ça donne l’amère impression que tout le monde a gagné, mais il y en a quand même huit qui sont cocus. Parmi eux, certains ne le méritent pas. Dans quel rêve les prestations d’Olivier Giroud en 2016 à Arsenal ont été meilleures que celles d’Alexandre Lacazette, qui a «juste» marqué 14 buts sur ces 14 derniers matchs avec Lyon, ou de Kevin Gameiro, qui a porté le FC Séville jusqu’en finale de la Ligue Europa ?

Je peux comprendre qu’on ne puisse pas bâtir une liste qu’avec les meilleurs joueurs du moment, qu’il y ait une logique de groupe. Mais faire fi de la forme du moment à ce point, c’est extraordinairement choquant. Difficile d’avaler ce sentiment d’injustice. Injustice humaine et injustice sportive.

Espérons que le talent des joueurs offensifs sélectionnés, à commencer par Antoine Griezmann et Dimitri Payet, fera la différence, mais tout ça ne m’inspire pas un optimisme fou.

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