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Stop avec Karim Benzema, par Pierre Ménès

Chaque vendredi, Pierre Ménès tient sa "Grosse kronik" dans les colonnes de Direct Matin. [A MEUNIER / ICON SPORT / POUR DIRECTMATIN]

Mercredi soir, dans une interview montée, calibrée, coincée, Karim Benzema a donc fait le journal télévisé de 20h de TF1. Moins de trois semaines après les atroces attentats du vendredi 13 novembre, peu après l’ouverture de la COP21, qui n’a rigoureusement intéressé personne à part pour se plaindre des bouchons, l’avant-centre du Real Madrid est donc le principal point d’intérêt des médias et de l’opinion publique, les premiers donnant à manger aux seconds ce qu’ils réclament.

Etonnante société, qui n’a donc plus aucune hiérarchie dans la présentation de l’information. Karim Benzema n’est pas l’ennemi public numéro un ni Jacques Mesrine. Même s’il devait être reconnu coupable dans cette histoire de chantage à la sextape vis-à-vis de Mathieu Valbuena, sa condamnation serait minime et très certainement avec sursis. Il s’agit donc d’une petite affaire minable. Et on parle de justice pénale, de justice morale, mais, pardonnez-moi, on s’en tape totalement. La seule chose qui compte dans cette histoire, c’est la morale sportive, et l’avenir de Benzema avec les Bleus et probablement avec le Real Madrid.

En ce sens, la fameuse interview de TF1, qui n’a pas été aussi catastrophique que cela, vu l’aisance légendaire de Benzema dans la communication, a révélé un élément essentiel. Mathieu Valbuena et Karim Benzema ne pourront plus jamais jouer sous le même maillot. Le meneur de Lyon a clairement chargé Benzema dans son audition auprès de la juge chargée de l’affaire. Ce dernier dit qu’il a voulu «rendre service» à son coéquipier. Pôle Nord, pôle Sud…

L’image des Bleus à nouveau écornée

Et puis, on peut prendre le problème dans tous les sens, Benzema n’avait pas à se mêler, d’une façon ou d’une autre, de cette sordide tentative d’extorsion de fonds. Aujourd’hui, ce n’est pas cette affaire qui va permettre de rétablir la paix et la sécurité dans le monde. Ce n’est pas elle qui va contribuer à stopper le réchauffement climatique. Aujourd’hui, c’est le problème de Didier Deschamps, qui va bien devoir à un moment donné s’exprimer sur le sujet et cesser de botter en touche d’un air exaspéré. Aujourd’hui, il est temps que Noël Le Graët, puisque la Fédération française de football s’est portée partie civile pour avoir accès au dossier, trace une ligne de route un peu plus précise. Parce qu’avec cette affaire, c’est à nouveau l’image générale des Bleus qui en prend un vilain coup.

A sept mois d’un Euro à domicile, il serait vraiment temps que tous ces gens prennent leur courage à deux mains et des décisions même provisoires, ce qui éviterait à l’opinion publique de penser que tout est permis pour certains. Il serait surtout temps que cette affaire revienne dans le monde sportif. Là où elle a un intérêt. Là et seulement là où elle a de l’importance.

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