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Blanc, héros ou escroc ?, par Pierre Ménès

Pierre Ménès.[A MEUNIER / ICON SPORT / POUR DIRECTMATIN]

La France est décidément un drôle de pays pour les choses du football. Alors que toute la Canebière idolâtre un entraîneur, Marcelo Bielsa, qui a certes envoyé du rêve durant les matchs allers mais qui s’est considérablement vautré durant la phase retour sans que son aura ne bouge d’un millimètre, un autre entraîneur suscite toujours autant d’interrogations.

 

Laurent Blanc a donc déjà remporté trois titres cette saison avec le Paris Saint-Germain, et sans faire injure à Auxerre et à la glorieuse incertitude du foot, Paris reste l’énorme favori de la finale de la Coupe de France, qui se disputera la semaine prochaine au Stade de France. En cas de succès, le club parisien réaliserait donc un quadruplé historique dans l’histoire du football français. Pourtant, ils sont nombreux à affirmer qu’il s’agit du minimum syndical pour le PSG et donc son entraîneur. Du coup, j’ai un peu de difficulté à visualiser le maximum…

Alors qu’il semblerait que la France soit un pays inhospitalier pour les techniciens étrangers, Laurent Blanc, qui a le mauvais goût de ne pas s’appeler «Blanco», «Blankeburg» ou «Blanchetti», serait une sorte de potiche spectateur de ses stars. Mais Blanc sera toujours le cinquième ou le sixième choix des Qataris et pour certains c’est une tare rédhibitoire.

 

Une sorte de potiche spectateur de ses stars

Quelque chose d’impardonnable. Blanc sera toujours une seconde main, un mec qui a gagné un concours de circonstances. Le doublé championnat-Coupe de la Ligue et le quart de finale de la Ligue des champions sur le banc des Girondins de Bordeaux ? Oublié, à la poubelle ? L’élimination en quart de finale à l’Euro 2012 contre l’Espagne, futur vainqueur de la compétition, et la série de vingt et un matches sans défaite avec l’équipe de France ? Au vide-ordures. En deux saisons avec Paris, Blanc est en passe de remporter sept titres nationaux sur huit possibles, avec en prime deux quarts de finale de Ligue des champions.

L’un perdu de justesse contre Chelsea dans des conditions certes décevantes et celui de cette saison contre un Barcelone injouable et avec un effectif décimé à l’aller. Pourtant, en huitièmes de finale, le PSG a sorti Chelsea à l’issue d’un match héroïque à Stamford Bridge à dix contre onze. Ce soir-là, Blanc a sorti José Mourinho, le grand stratège, le super démolisseur. Cela a-t-il apporté une ligne de plus à son crédit ? Rien. Pourtant, ce soir-là, ses joueurs lui ont rendu hommage. Avec en tête un Thiago Silva qui était pourtant loin d’être un de ses soutiens au début de l’aventure, mais qui s’est fendu d’un «c’est la victoire de Laurent Blanc».

 

Il faut gérer des ego de stars confirmées

Parce qu’entraîner Paris n’est pas à la portée de tous. Il faut gérer les ego de stars confirmées. Ce n’est pas à la portée de tous ni dans le mode de fonctionnement de tous les coaches. Blanc a soutenu Thiago Silva en pleine dépression. Il n’a jamais lâché Edinson Cavani lorsque celui-ci ratait un éléphant dans un couloir. Les choses sont rentrées dans l’ordre et même s’il n’est pas certain que les joueurs lui vouent une reconnaissance éternelle pour ça, ils ont suffisamment d’honnêteté intellectuelle pour s’en souvenir. La grande question, c’est donc de savoir si le PSG peut se rapprocher d’un succès en Ligue des champions avec Laurent Blanc sur son banc, l’année où Barcelone peut réussir le triplé avec Luis Enrique comme coach et que celui-ci est en guerre ouverte avec Lionel Messi.

Paris a besoin de joueurs en plus, notamment à des postes clés, dans les buts et en attaque. Pas pour dominer la France, mais pour se rapprocher des monstres européens que sont, tous les ans, le Real Madrid, Barcelone et le Bayern Munich. Pour cela, il faudra que le fair-play financier soit modifié et plus juste, ce qui semble être sérieusement à l’étude. Laurent Blanc sera l’entraîneur du PSG la saison prochaine, sauf énorme coup de théâtre. Pourtant, Manchester City était sur le coup. Les anti-Blanc peuvent se réjouir. Ils pourront encore le démonter joyeusement la saison prochaine. En attendant, lui, il gagne.

 

 

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