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Les propos racistes de Tavecchio font des remous

Carlo Tavecchio (c), alors président de la Ligue nationale amateur, échange avec l'ex-sélectionneur Cesare Maldini (g), lors d'une conférence internationale à Dubaï, le 31 mai 2008 [Marwan Naamani / AFP/Archives] Carlo Tavecchio (c), alors président de la Ligue nationale amateur, échange avec l'ex-sélectionneur Cesare Maldini (g), lors d'une conférence internationale à Dubaï, le 31 mai 2008 [Marwan Naamani / AFP/Archives]

Dans un football italien gangrené par de nombreux cas de racisme, les propos tenus vendredi par l'un des favoris au poste de président de la Fédération de football suscitent indignation et réactions, mais pas au point de le faire renoncer.

 

Actuellement vice-président de la Fédération (FIGC), Carlo Tavecchio a déclaré lors d'une réunion publique pour sa candidature: "Opti Poba est arrivé ici et avant il mangeait des bananes, aujourd'hui il joue titulaire à la Lazio de Rome".

Ces propos semblant viser le milieu de terrain français Paul Pogba, qui évolue par ailleurs à la Juventus Turin, n'ont pas tardé à créer la polémique en Italie. Tavecchio a présenté ses excuses, assuré qu'il ne ciblait personne mais a confirmé sa candidature.

"J'accepte toutes les critiques mais pas l'accusation de raciste parce que toute ma vie témoigne du contraire", s'est défendu l'homme âgé de 71 ans et au long passé de dirigeant, notamment dans les instances du football amateur.

Soutenu avant ce dérapage par une très grande majorité des clubs de Serie A et Serie B, Carlo Tavecchio se retrouve aujourd'hui un peu plus isolé mais pas encore lâché.

La Fiorentina a d'ores et déjà fait savoir qu'elle lui retirait son soutien. "Fidèle à nos valeurs éthiques et civiles et à la lumière des déclarations récentes de M. Tavecchio, nous considérons notre soutien à sa candidature comme désormais impossible", indique le club sur son site internet.

Une position partagée, entre autres, par la Sampdoria de Gênes et son président, Massimo Ferrero.

- "Inaccceptable et scandaleux"

 

Du côtés des footballeurs, dont l'association défend la candidature de l'ex milieu de terrain international Demetrio Albertini, 42 ans, les réactions sont également multiples.

L'attaquant italien de la Samp', d'origine nigériane, Stefano Okaka Chuka, a ainsi fait part de sa "déception" au sortir d'un match: "c'est inacceptable et scandaleux que l'on puisse encore entendre de telles choses en 2014. J'ai la sensation que l'on recule".

Des voix s'élèvent pourtant pour défendre celui qui a déjà été condamné cinq fois dans le passé dans le cadre de plusieurs affaires de malversations, mais jamais pour racisme.

Carlo Tavecchio peut ainsi se targuer de soutiens de poids puisque l'AC Milan, propriété de Silvio Berlusconi, la Lazio Rome, à la réputation sur la question pas toujours flatteuse, ou encore le Genoa, l'autre club de Gênes, ont tous confirmé leur appui.

"Il s'agit certes d'une phrase grave mais en politique on a assisté à des glissades bien pires sans que cela pousse à des démissions", a expliqué à la presse italienne le président du Genoa, Enrico Preziosi.

Les politiques ne sont pas non plus en reste, le président du Conseil italien Matteo Renzi regrettant "un inqualifiable but contre son camp". Il n'a pourtant pas appelé à des sanctions à l'encontre de Tavecchio, jugeant que le gouvernement n'avait pas à s'immiscer dans cette affaire.

Député au sein de son parti (PD, centre gauche), Khalid Chaouki, né à Casablanca (Maroc) a lancé lundi une pétition en ligne intitulée "Tavecchio ne peut représenter le football italien": une initiative qui a déjà rencontré l'approbation de près de 15.000 signataires.

La Fifa, qui mène depuis plusieurs années un combat contre le racisme, a elle demandé lundi l'ouverture d'une enquête sur les propos racistes de M. Tavecchio.

Sans tête depuis le 24 juin et la démission de Giancarlo Abete au sortir de l'élimination de la Squadra Azzurra dès le premier tour du Mondial brésilien, la Fédération italienne de football connaîtra le 11 août le nom de son futur président.

Entre lancés de bananes et chants offensants, le football italien s'est tristement illustré ces dernières années dans des affaires de racisme, non seulement de type ethnique mais aussi régionale, soulignant le clivage nord-sud qui règne aussi dans le pays.

 

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