Pierre Ménès est une figure du paysage footballistique français. Ancien reporter à l'Equipe, cette interassable grande gueule officie aujourd'hui en qualité d'expert pour le Canal football club. Tout au long de la Coupe du Monde au Brésil, il tient ses chroniques dans les colonnes de Direct Matin.
C'est l'un des nombreux paradoxes de ce Mondial. Après avoir eu un premier tour plein de surprises, de fraîcheur et de grandes réussites offensives, le "vilain" football a repris ses droits avec les matchs à éliminations directes. Ca s'est traduit par très peu de buts, beaucoup de calculs, un esprit défensif renforcé et une absence de moments de grand football. Malgré tout, et c'est un autre paradoxe, on va avoir le droit en demi-finales de ce Mondial à deux affiches absolument royales sur le papier avec un Brésil-Allemagne, suivi d'un Pays-Bas-Argentine.
Mais juste avant ces deux rencontres de prestige, on peut se demander quelle en sera l'issue, tant il y a d'incertitudes. Surtout du côté de la Seleçao, qui se retrouve privée de Neymar (blessé) et Thiago Silva (suspendu), deux de ses meilleurs joueurs. Luis Felipe Scolari, qui était à l'apôtre de l'immobilisme depuis le début du tournoi, va être obligé de changer des choses. En défense, il n'y a pas beaucoup de suspense, puisque Dante va être aligné au côté de David Luiz. D'autant qu'il a la bonne idée de jouer au Bayern Munich, donc de connaître assez bien ses futurs adversaires…
En revanche, le sélectionneur brésilien risque d'être contraint de redistribuer les cartes en attaque. Il pourrait intégrer notamment Willian à la place de Neymar et sacrifier peut-être Fred, ce qui ne serait pas une grosse perte, pour recentrer Hulk à la pointe de l'attaque et ainsi incorporer un milieu de terrain supplémentaire, type Hernanes, pour contrarier le jeu allemand. Il va en tout cas falloir que le Brésil trouve autre chose, même si l'Allemagne n'a pas fait une forte impression jusqu'à maintenant, à part lors de son premier match contre le Portugal. Ce match promet donc d'être serré et pourrait encore une fois ne pas se jouer sur le terrain, mais plutôt sur l'émotion, la ferveur populaire et la pression psychologique, sachant que ce n'est pas ce qui gêne le plus les Allemands.
Vous l'aurez compris, je ne m'attends pas à de grandes envolées footballistiques, même si la rencontre se disputera à un horaire plus propice au déploiement du jeu (17h dans la ville de Belo Horizonte). Et puis maintenant qu'ils sont en demi-finale de la Coupe du monde, les joueurs se moquent du spectacle. Le seul objectif est maintenant d'aller au bout.
Mon seul souhait est que l'arbitrage ne soit pas une nouvelle fois sujet à caution et qu'on se demande si tout n'est pas fait pour que le Brésil brode sa sixième étoile sur son maillot.