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L’histoire, quelle histoire ?, par Pierre Ménès

Pieere Ménès.[© A.MEUNIER/ICON SPORT POUR DIRECT MATIN]

Pierre Ménès est une figure du paysage footballistique français. Ancien reporter à L’Equipe, cette intarissable grande gueule officie aujourd’hui en qualité d’expert pour le Canal football club. Tout au long de la Coupe du Monde au Brésil, il tient ses chroniques dans les colonnes de Direct Matin.

 

Dans sa volonté permanente de transformer la vie des Bleus en ballade des gens heureux, Didier Deschamps a balayé d’un revers de sa veste de survêtement le poids de l’histoire des matchs entre la France et l’Allemagne sous le prétexte, assez stupide, qu’aucun de ses 23 joueurs présents au Brésil n’était né le soir de Séville, en 1982.

 

Bien évidemment, personne n’est dupe de ce remarquable coup de pied en touche réalisé par le sélectionneur français. Le poids de l’histoire, même en football, a son importance, sa beauté, sa cruauté et également sa part de légende.

 

L’Allemagne briseuse de rêves

Vouloir résumer tout ça à une simple rencontre entre une équipe évoluant en bleu et une en blanc sous le prétexte de faire baisser la pression autour de ses joueurs reste une tactique douteuse. Comme si l’équipe de France en était réduite à faire béatement des selfies à longueur de temps et n’acceptait aucune forme de contrariété.

Ceci dit, personne n’a vraiment écouté Didier Deschamps sur ce coup-là. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de revoir l’agression d’Harald Schumacher sur Patrick Battiston à l’heure de jeu, le tir au but manqué de Maxime Bossis ou encore l’immense détresse de Michel Platini.

On pensera aussi à l’autre demi-finale France-Allemagne quatre ans plus tard au Mexique, où les Bleus épuisés par un autre match de légende à Guadalaraja remporté contre le Brésil (1-1, 4 tab 3), n’avaient pas existé (0-2) et avaient vu leur parcours encore stoppé aux portes de la finale.

Parce que Séville appartient autant à la tristesse du football français qu’à sa légende. L’histoire du jeu se bâtit ainsi. Nier sa dimension est une faute.

En fin d’après-midi, toute la France pensera à Séville 1982, au Mexique de 1986. A cette équipe d’Allemagne qui a brisé tant de rêves bleus. Et si par bonheur l’équipe de France se retrouve en demi-finale de ce Mondial brésilien, vous verrez que tout le monde, même les plus jeunes, aura retrouvé la mémoire.

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