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"L'exoplanète Kepler-186f est riche d'espoirs"

Igor et Grichka Bogdanov [Loïc Venance/AFP]

La découverte de l’exoplanète Kepler-186f par la Nasa, révélée la semaine dernière, a relancée le débat autour des mondes habitables.

Cette planète, considérée comme une soeur de la terre suscite un intérêt particulier de la part des scientifiques. Grichka et Igor Bogdanov y voient une planète prometteuse à plus d'un titre.

 

Peut-on vraiment affirmer que Kepler-186f est une sœur jumelle de notre planète ?

C’est plutôt une fausse jumelle de la Terre. D’abord, elle est légèrement plus grosse, mais on ne connaît pas sa masse. Ensuite, son atmosphère n’est pas définie. Enfin, on suppose qu’elle est à 50 millions de kilomètres de son soleil, mais ce dernier est beaucoup plus petit que le nôtre. Son étoile est une naine rouge et sa luminosité, donc sa chaleur, sont bien plus faibles que notre soleil.

 

Pourquoi cette planète intéresse-t-elle autant les astrophysiciens ?

En fait, Kepler-186f est riche d’espoirs. Sa taille est très proche avec des caractéristiques géophysiques qui pourraient se révéler très similaires. On pourrait avoir des ressemblances au niveau des paysages qui pourraient être très marquées. Elle orbite à une distance de son soleil qui augure de bonnes températures à la surface et donc de la possibilité d’y trouver de l’eau liquide. Si la gravité est bonne et qu’elle a une atmosphère compatible avec le développement de la vie, dans ce cas elle pourrait être une vraie candidate pour l’habitabilité.

 

 

L'exoplanète a été baptisée Kepler-186f. [© NASA Ames/SETI Institute/JPL-Caltech
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Ci-dessus - Une vue d'artiste de l'exoplanète Kepler-186f . [© NASA Ames/SETI Institute/JPL-Caltech
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Combien de temps nous faudrait-il pour la rejoindre ?

Cette planète se trouve à environ 490 années lumières de la terre. C’est une distance énorme. Une année lumière représente 9 mille milliards de kilomètres. Elle est donc à plus de 4 millions de milliards de kilomètres. Si on partait avec une navette spatiale qui voyagerait à 100 000 km/h, il faudrait quelques heures pour rejoindre la Lune en comptant l’accélération et la décélération. Mais à cette même vitesse, il faudrait 5 millions d’années avant d'arriver à destination sur Kepler-186f. Les technologies dont on dispose aujourd’hui ne permettent pas de nous y rendre. Pour espérer y aller, il nous faudra donc découvrir une nouvelle physique.

 

Vous voulez parler de l’hyperespace…

L’hyperespace pourrait être emprunté par une civilisation beaucoup  plus avancée. Si l'on était capable de modifier la métrique de l’espace-temps, on pourrait imaginer créer un raccourci en utilisant « un tunnel » pour arriver vers Kepler-186f. C’est théoriquement possible, mais pour l'instant, c'est  totalement  hors de portée. Cependant  soyons ouverts et commençons à rêver dès maintenant.

 

 

Pourquoi la découverte d’exoplanètes est si importante pour nous ?

C’est crucial, car cela confirme la notion d’universalité des propriétés de l’univers. Universalité du point de vue de la physique avec la possibilité de découvrir des planètes comparables à la Terre. Et aussi universalité des lois biologiques. Selon nous, il est très probable  que la vie apparaisse ou soit apparue sur ces mondes lointains. Jusqu’à présent, nous n’avons aucune certitude qu’il puisse exister de la vie ailleurs. Mais si ces exoplanètes présentent des caractéristiques proches de notre monde, comme c’est le cas de Kepler-186f, à partir de là on peut ouvrir cette perspective vertigineuse de l’existence d’une forme de vie ailleurs. Il est extraordinaire de se dire que nous sommes en train de commencer à vivre ce vertige là en ce début de XXIe siècle.

 

Pour découvrir ces formes de vie d’autres projets vont voir le jour d’ici à dix ans, comme Kheops pour la Nasa ou Plato pour le CNES. Comment ces instruments pourront-ils permettre d’annoncer qu’il y a de la vie ailleurs ?

Ce ne sont pas seulement des téléscopes, mais ils sont équipés d’une batterie d’instruments (capteurs, analyseurs etc...). Grâce à eux, on peut déceler une activité sur une planète, avec des signatures qui peuvent être la manifestation d’une forme de vie lointaine. Par exemple, dans l’atmosphère de ces mondes, on pourra voir des traces d’une activité et on pourra dire si elle est d’origine biologique. Avec ces futurs instruments, on pourra presque à coup sûr dire avant 2025 qu’il y a une autre forme de vie ailleurs dans notre galaxie.

 

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