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Un "Fab Lab" cogite dans un château pour un monde plus durable

Des tentes devant le château de Millemont, dans les Yvelines, le 21 août 2015 [KENZO TRIBOUILLARD / AFP] Des tentes devant le château de Millemont, dans les Yvelines, le 21 août 2015 [KENZO TRIBOUILLARD / AFP]

Inventer des objets "sexy comme Apple mais ouverts comme Wikipedia"? Tel est le pari d'une centaine d'innovateurs, experts et bénévoles du monde entier lâchés pendant cinq semaines dans un château en rase campagne près de Paris pour finaliser douze projets écologiques et accessibles à tous.

 

A 55 km de Paris, au bout d'une route bucolique, le château de Millemont (Yvelines) est planté dans un domaine de 600 hectares depuis le XVIe siècle. Son propriétaire a confié les clés à une communauté qui s'active en tongs ou chaussures de sécurité pour la transition énergétique, dans un décor de vieilles pierres et de tapisseries florales.

Ambiance cool, terrain de volley, musique électro... "On travaille vraiment ici, on n'est pas juste des hackers dans un château", prévient Daniel Kruse, l'un des initiateurs allemands de cette résidence d'innovateurs, à mi-chemin entre les hackathons - marathon de programmation informatique - et les "Fab Lab" ("fabrication laboratory"), ces lieux ouverts misant sur le partage des outils et le travail collaboratif.

Des participants au "fab lab" dans le château de Millemont, dans les Yvelines, le 21 août 2015 [KENZO TRIBOUILLARD / AFP]
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Des participants au "fab lab" dans le château de Millemont, dans les Yvelines, le 21 août 2015
 

 

Depuis le 15 août, sur leur établi ou dans des salons reconvertis en espaces de coworking, une cinquantaine de jeunes innovateurs, aidés par des experts et du matériel de pointe (imprimante 3D, fraiseuse numérique, découpe laser), se grattent la tête pour élaborer un groupe électrogène solaire, un vélo-tracteur, une éolienne à 30 euros montée sur une roue de vélo... Ils sont ingénieurs, designers ou créatifs autodidactes. Point commun: leurs projets sont élaborés en open-source, c'est-à-dire sans brevet, ni secret industriel, comme les logiciels libres.

A 100 jours de la COP21, la conférence des Nations unies sur le climat prévue à Paris en décembre, cette initiative baptisée POC21 (pour Proof of concept, preuve de faisabilité) a des allures de contre-sommet. "On va beaucoup parler d'engagements des États, des solutions qui doivent être développées par les grands groupes, mais nous, on veut mettre un coup de projecteur sur l'innovation collaborative qui vient d'en bas", explique Benjamin Tincq, co-initiateur de POC21 et cofondateur de OuiShare, think tank français de l'économie collaborative, qui a imaginé ce camp avec le collectif allemand Open State, dans la même mouvance.

L'objectif de ces cinq semaines en vase-clos: voir émerger des produits et solutions "sexy comme Apple mais ouverts comme Wikipedia".

 

Sommiers en palettes 

Les anciennes écuries reconverties en ateliers de travail du bois, du métal et de l'électronique avec outils et conseils à portée de main? C'est "le lieu rêvé", décrète Jason Selvarajan, un ingénieur environnemental finlandais en plein travail sur sa "douche perpétuelle" qui recycle l'eau en temps réel et la réinjecte dans le pommeau. "C'est comme une méga-fourmilière où chaque fourmi est un neurone qui communique avec les autres neurones, on s'échange plein d'informations et ça créé de nouvelles idées", s'enthousiasme Laurent Monnier, "plombier officiel" du camp.

Des participants au camp installé au château de Millemont, dans les Yvelines, travaillent sur un prototype, le 21 août 2015 [KENZO TRIBOUILLARD / AFP]
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Des participants au camp installé au château de Millemont, dans les Yvelines, travaillent sur un prototype, le 21 août 2015
 

 

En ligne de mire, ces innovateurs visent une nouvelle révolution industrielle basée sur "la recherche et développement mutualisée": "ici on va partager les plans d'une éolienne, les tutoriels, les instructions qui vont permettre au plus grand nombre de la refabriquer localement, de la réparer, de l'améliorer à l'infini", explique Benjamin Tincq.

Entre deux sessions de travail, Jason a aussi concocté un curry pour le camp qui se veut participatif jusqu'au ménage et à l'épluchage des patates. A leur arrivée dans cette propriété classée Monument historique, les volontaires armés de visseuses ont monté un camp à impact réduit sur l'environnement avec ses toilettes sèches et ses lits fabriqués avec des palettes. "Ça peut ressembler à un camp de vacances, ou à un truc de créatifs gauchos, mais en fait c'est super-structuré", assure Dominik Wind, sociologue allemand et l'un des "facilitateurs" chargés d'optimiser la vie en collectivité.

Au bout de l'aventure, les projets seront présentés sur un catalogue grand public et lors d'une exposition itinérante en Ile-de-France à l'automne.

*Site ouvert au public sur inscription les 19 et 20 septembre

 

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