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Un nouvel air en Chine ?

Des Chinois portent des masques filtrants pour se protéger de la pollution, le 26 février 2014 place Tiananmen, à Pékin [Mark Ralston / AFP]

Face à la pollution extrême qui la touche, la Chine a décidé de prendre des mesures importantes, quitte à ralentir la croissance.

 

Impossible de voir à plus d’une centaine de mètres. Hier, comme depuis plusieurs semaines, les habitants de Pékin se sont réveillés dans un brouillard épais dû à la pollution de l’air.

Et la capitale n’est pas la seule à subir ce fléau, puisque tout le nord du pays et les grandes métropoles sont touchés.

Ces dernières semaines, la concentration de particules fines nocives dans l’air a même atteint des niveaux près de trente fois supérieurs au seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le gouvernement a donc enfin décidé d’agir.

 

Une véritable guerre

Xi Jinping, élu il y a bientôt un an (le 14 mars 2013), a entrepris de mettre en place de nombreuses réformes. «Nous devons résolument déclarer la guerre à la pollution», a lancé le Premier ministre, Li Keqiang, dans un discours ouvrant la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire.

Parmi les principales mesures annoncées, la suppression de 50 000 chaudières à charbon d’ici à la fin de l’année, la modernisation des centrales thermiques et la mise à la casse de «six millions de véhicules anciens».

Mais le pays, qui tire toujours du charbon plus de 70 % de son énergie, ne veut pas simplement s’appuyer sur des mesures à court terme. Le Premier ministre a ainsi fait part du besoin de réfléchir à des réformes structurelles pour «rééquilibrer» le modèle économique du pays.

«La Chine a pris conscience de son retard par rapport au reste du monde, estime Pierre Picquart, spécialiste de la Chine et auteur de l’ouvrage La Chine dans vingt ans et le reste du monde (Editions Favre). L’élévation du niveau de vie fait que la population est plus éduquée, plus informée et plus exigeante. Elle se pose beaucoup de questions sur l’avenir.» Reste à savoir si ces mesures seront toutes appliquées.

 

Un défi réalisable ?

Le plan du gouvernement pourrait se heurter à quelqueDes Chinois portent des masques filtrants pour se protéger de la pollution, le 26 février 2014 place Tiananmen, à Pékin [Mark Ralston / AFP]s obstacles. La fermeture de certaines usines traditionnelles, même compensée par un plus grand investissement dans le secteur des énergies renouvelables, devrait en effet entraîner de nombreuses suppressions d’emplois.

La population et les hommes politiques des régions touchées pourraient donc se montrer réticents. Le gouvernement lui-même pourrait être tenté de faire marche arrière si cette transition énergétique se traduisait par une croissance trop faible.

Deuxième économie mondiale, la Chine table sur une croissance de 7,5 % en 2014, ce qui serait le taux le plus bas depuis un quart de siècle. Si elle ne veut pas que celui-ci baisse encore, elle devra certainement sacrifier quelques réformes.

Mais pour Pierre Picquart, il y a dans le pays «un consensus général pour ne plus avoir une croissance “à tout prix” mais avec un impact positif, avec une économie de qualité».

 

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