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Les biostimulants, la révolution annoncée dans les champs

Un homme cueille des pommes [Remy Gabalda / AFP/Archives] Un homme cueille des pommes [Remy Gabalda / AFP/Archives]

Extraits d'algues, de végétal, de minerais ou micro-organismes, les "biostimulants" qui favorisent la croissance des plantes en renforçant leurs défenses, à la manière des vitamines, promettent une nouvelle révolution dans les champs.

Ni engrais, ni fertilisants, ces nouveaux auxiliaires du développement agricole augmentent les capacités des plantes à résister aux stress climatiques ou biotiques: manque d'eau, forte chaleur ou humidité excessive, certaines maladies ou insectes.

Alors que rien encore n'encadre leur usage en Europe, le premier congrès qui leur était consacré fin novembre à Strasbourg a attiré plus de 700 participants du monde entier, plus du double qu'escompté, confie Michel Ponchet, chercheur du pôle "Agrobiotech" de l'Inra (l'Institut national de recherches agronomiques) à Sofia Antipolis, qui siégeait au comité scientifique du Congrès.

L'afflux de chercheurs, d'industriels venus de Colombie, Nouvelle-Zélande ou Afrique du sud témoigne de l'actualité du sujet: "c'est un produit de plus, qui permet d'avoir des produits en moins", engrais ou pesticides, résume le chercheur pour l'AFP.

Un champ de culture de maïs dans le nord de la France [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Un champ de culture de maïs dans le nord de la France
 

"On est encore au tout début, peu de gens les connaissent et leur usage reste assez confidentiel", sans doute 5% des cultures dans le monde, estime-t-il, et plutôt sur des productions maraîchères et fruitières.

Dans ce secteur encore vert, les entreprises pionnières fonctionnent souvent sur le modèle des start-up internet, mais quelques poids lourds sont déjà sur le créneau.

C'est d'ailleurs Giuseppe Natale, PDG du groupe italien Valagro, spécialisé dans les engrais, qui a pris la tête des 31 fabricants européens réunis dans le European Biostimulants Industry consortium (Ebic).

Réglementation en préparation à Bruxelles

C'est encore un marché de niche de 400 millions d'euros en Europe, dont 60 millions en France. Mais nous sommes en train de prendre du retard par rapport aux Etats-Unis, faute de cadre réglementaire", prévient M. Natale dans un entretien à l'AFP.

"Nous avons une grande variété d'acteurs, dont des petites start-up qui ont besoin d'investissements en R&D, mais pour ça, il nous faut une réglementation européenne harmonisée: que fait-on de fraises produites en Espagne avec des biostimulants et vendues en Belgique?"

Actuellement, les biostimulants sont assimilés à des fertilisants: "Ca entretient la confusion dans l'esprit des consommateurs".

Un champ de blé dans le sud de la France [Joel Saget / AFP/Archives]
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Un champ de blé dans le sud de la France
 

Une réglementation en préparation à Bruxelles devrait pouvoir être adoptée d'ici 2015, indique Eric Liégeois, responsable du dossier à la direction Industrie de la Commission européenne - qui glisse en passant que "ce n'est pas tous les jours que l'industrie demande à être réglementée".

"Obtenir la marque CE répond au besoin d'une reconnaissance pour rassurer les agriculteurs", justifie-t-il. Un gage de sérieux et d'inocuité destiné aussi aux consommateurs.

La procédure, poursuit M. Liégeois, devrait s'apparenter à celle du règlement Reach pour les produits chimiques, soit une demande d'enregistrement des substances sur la base d'une déclaration.

"Et si elle n'est pas jugée acceptable, un filet de sécurité sera mis en place, voir un avis négatif qui vaudra interdiction ou restriction d'usage".

Le point de vue de Bruxelles est en tout cas favorable: "tout est bon à prendre désormais en agriculture, surtout dans des situations où la chimie ne peut rien faire", dit-il, citant le stress hydrique ou la température.

A condition d'éviter "la poudre de perlimpinpin", relève aussi Michel Ponchet qui se méfie "des effets d'aubaines" sur les nouveaux marchés. D'autant qu'il juge la piste prometteuse.

"J'y crois surtout pour les pays du sud: c'est une piste d'avenir pour faire avancer l'agriculture familiale vers l'autosuffisance", assure le chercheur.

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