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Arthus-Bertrand plonge dans les mers surexploitées

Yann Arthus-Bertrand le 26 avril 2012 à Rio de Janeiro au Brésil [Christophe Simon / AFP/Archives] Yann Arthus-Bertrand le 26 avril 2012 à Rio de Janeiro au Brésil [Christophe Simon / AFP/Archives]

Yann Arthus-Bertrand poursuit son inventaire d'un monde écologiquement déboussolé avec "Planète Océan", un film qui montre l'extraordinaire richesse biologique des mers et leur contribution à d'immenses équilibres désormais menacés par un Homme déraisonnable et avide.

Son nouvel opus reprend sa marque de fabrique - des vues aériennes renouvelant les perspectives - et intègre des images sous-marines.

"Nous avons essayé de mélanger le film aérien et des images sous-marines de spécialistes australiens, américains, chiliens ou encore sud-africains", a expliqué le réalisateur et photographe lors d'une projectio

"C'est un film militant où l'on dit des choses difficiles", prévient-il.

Co-réalisé avec Michael Pitiot, le documentaire sera diffusé gratuitement dans certaines salles en France (musées, réseau associatif) et à l'étranger, sur la chaîne publique française France 2 fin décembre et vendu en DVD dans les prochains jours.

En résumé: les océans, qui recouvrent les deux tiers de la planète et permettent à l'Homme de se nourrir et de commercer à une échelle inédite (600 millions de containers dans le monde), sont au coeur du fonctionnement climatique.

En retour, les hommes le polluent et puisent tellement dans les stocks de poissons (80% des espèces sont surpêchées) que leur renouvellement n'est plus assuré.

Le risque ? Que des équilibres millénaires soient définitivement rompus.

Des images de récifs coralliens en Indonésie révèlent par exemple l'un des écosystèmes les plus denses, peuplé d'organismes microscopiques et de poissons aux couleurs et formes stupéfiantes.

"Sacrifiés pour rien"

Dans cet environnement, les grands mangent les plus petits comme dans toute chaîne alimentaire, mais de subtils équilibres existent: les prédations sont limitées et permettent à chaque espèce de se maintenir.

Or le "super-prédateur" qu'est l'Homme ne semble pas poser de limites à sa razzia.

Yann Arthus-Bertrand le 26 avril 2012 à Rio de Janeiro [Christophe Simon / AFP/Archives]
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Yann Arthus-Bertrand le 26 avril 2012 à Rio de Janeiro
 

"Les chaluts de haute-mer ont tout changé", commente Yann Arthus-Bertrand. Ces bateaux-usines ratissent littéralement les fonds marins. Ils gardent les espèces ayant un intérêt commercial, rejetant les autres, "sacrifiées pour rien".

La diminution de la présence de gros prédateurs (requins, thons, espadons, etc.) à certains endroits provoquent des réactions en chaîne: des espèces intermédiaires se développent et mangent trop de petits poissons (anchois, etc.), les méduses pullulent.

Face à cela, il y a peu de régulations. La haute mer - soit deux tiers des océans - est libre d'accès et de règles.

Et les "super-chaluts" d'aujourd'hui permettent de pêcher à des profondeurs nouvelles: jusqu'à 3.000 mètres, là où la lumière ne passe plus. Le film nous emmène dans ces profondeurs qui semblaient insondables.

Malgré cette capacité à pêcher toujours davantage, le volume mondial des captures plafonne, signe que des réserves ont été asséchées.

Et le pire est peut être à venir avec le réchauffement climatique: la calotte arctique se rétrécit et réfléchit moins le rayonnement solaire, les courants marins s'enrayent, les coraux meurent à grande échelle.

Le film s'achève sur d'intenses images de mer démontée et égrène quelques pistes: quotas, aires marines protégées, pêche profonde interdite, etc. Et lance un appel: "ne nous résignons pas"!

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