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A quoi sert le protocole de Kyoto ?

La banquise vue du satellite Aqua, le 3 septembre 2010 [ / Nasa/AFP/Archives] La banquise vue du satellite Aqua, le 3 septembre 2010 [ / Nasa/AFP/Archives]

Inadapté à la nouvelle donne économique mondiale, le protocole de Kyoto n'aidera pas à sauver le climat, même si son acte II est signé à Doha. Pour autant, sa dépouille ne devrait pas être jetée tout entière pour bâtir le nouvel outil, bien plus ambitieux, prévu pour 2015.

"Ce protocole était ce qu'on pouvait faire de mieux en 1997", assure l'Argentin Raul Estrada, l'un des architectes du seul outil légal imposant des objectifs chiffrés de limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES), à l'origine du réchauffement climatique.

"Aujourd'hui, la situation a radicalement changé", résume-t-il.

Le principe était de ne faire peser l'effort que sur les pays industrialisés ou en transition, soit une quarantaine, qui devaient réduire leurs émissions de GES de 5,2% entre 2008 et 2012, par rapport à 1990.

Mais la donne économique s'est profondément modifiée. La part des pays industrialisés dans les émissions de GES a régulièrement baissé, alors que celle des économies émergentes explosait.

La Chine est aujourd'hui le premier pollueur, avec 25% des émissions mondiales de CO2, alors que celles de l'Union européenne ne représentent plus que 11% du total.

Et la portée de Kyoto a été encore amoindrie avec le désistement des Etats-Unis, aujourd'hui deuxième pollueur (17%), qui ne l'ont pas ratifié.

Résultat : les émissions de GES ont augmenté de 50% depuis 1990, et leur concentration dans l'atmosphère battait un nouveau record en 2011, mettant le monde sur la trajectoire d'un inquiétant réchauffement de 3 à 5°C.

Concernant le protocole de Kyoto, les pays engagés ont globalement atteint l'objectif fixé - même si le bilan officiel ne sera pas réalisé avant 2014 -, avec des échecs néanmoins d'Etats comme l'Italie, l'Autriche, le Japon et le Canada, qui a été le premier à quitter le protocole en 2011 pour ne pas verser de pénalités.

"Responsabilité commune"

Le caractère "légalement contraignant" de ce mécanisme repose essentiellement sur le fait que "les pays ne veulent pas apparaître comme ceux qui ne respectent pas leurs engagements", reconnaît M. Estrada.

Tout à jeter, donc, au moment où la communauté internationale a décidé de se doter en 2015 d'un nouvel outil, impliquant cette fois tous les pays ? Non, répondent nombre d'observateurs.

Kyoto a inventé le principe de l'échange des quotas d'émissions, qui a donné naissance aux marchés carbone, et créé les "mécanismes de développement propre" qui permettent à un pays du nord de réaliser une part de ses objectifs en finançant un projet dans un pays du sud. Il y en a aujourd'hui 5.000.

"Par ailleurs, Kyoto a instauré des règles pour réaliser les inventaires des émissions qui pourront servir de base à un nouveau système", relève un négociateur européen.

Pour la directrice de l'ONG Global Campaign for Climate Action, Kelly Rigg, "il faut les règles contraignantes du protocole de Kyoto pour inspirer le nouveau traité". "Des actions sur une base uniquement volontaire ne suffiront tout simplement pas", juge-t-elle.

Et c'est bien sur le niveau de contrainte du futur texte, et la répartition "équitable" de l'effort entre les Etats, que les négociations s'annoncent houleuses.

Les pays en développement ont exigé un acte II, négocié à la conférence de l'ONU à Doha, au nom de la "responsabilité commune, mais différenciée" entre pays du nord et du sud dans le dérèglement climatique, un point central de la Convention sur le climat de l'ONU.

Accepteront-ils d'être soumis aux mêmes règles dans un nouveau cadre ? Et les Etats-Unis, qui préfèrent de loin les engagements volontaires, accepteront-ils de se lier les mains dans un système multilatéral ?

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