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Climat : le Qatar doit faire ses preuves

Une vue générale de Doha, le 4 octobre 2012 [Patrick Baz / AFP/Archives] Une vue générale de Doha, le 4 octobre 2012 [Patrick Baz / AFP/Archives]

Champion du monde des émissions de gaz à effet de serre par habitant, le Qatar est tenu de prouver sa capacité à faire progresser la lutte contre le , en accueillant à partir de lundi la 18e conférence de l'ONU.

Les écologistes se demandent si ce riche petit émirat du Golfe a la capacité diplomatique et la volonté politique de jouer un rôle positif au cours des deux semaines de à Doha.

Le richissime émirat gazier qui cherche à se donner une stature internationale et s'est vu attribuer l'organisation de la Coupe du monde de football en 2022 s'est engagé à assurer le succès de la conférence.

Mais sans convaincre: le Qatar "n'aurait pas été mon choix", déclare à l'AFP Raul Estrada, architecte du protocole historique de Kyoto de 1997.

Selon lui, le financement de la conférence par ce pays est un facteur important pour lui en confier l'organisation, mais pas la présidence. "On a besoin d'un leadership fort pour progresser, avancer. Je ne vois pas ce leadership", ajoute cet ex-diplomate argentin.

"Dans toute l'histoire des négociations climatiques, le Qatar a essayé d'empêcher l'adoption d'engagements à réduire l'utilisation des combustibles fossiles afin d'atténuer le réchauffement climatique", selon lui.

Le Qatar, qui dépend largement de ses hydrocarbures, va se retrouver dans une situation paradoxale. Certains des 194 pays qui participent à la conférence vont prôner un nouvel accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et, par conséquent, leur dépendance du pétrole et du gaz.

Selon des statistiques de la CIA, le Qatar était en 2011 le 19e plus important producteur de brut et le 4e plus grand de gaz naturel du monde.

Dans son dernier rapport en mai, l'organisation mondiale de protection de l'environnement WWF désigne le Qatar comme le pays ayant la plus forte empreinte écologique.

Doha a signé le protocole de Kyoto mais, en tant que pays en voie de développement, il n'a pas fixé d'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre comme il n'a pris aucun engagement volontaire.

Ce pays côtier du Golfe au climat aride dépend, pour ses besoins en eau, du coûteux dessalement de l'eau de mer.

Le Qatar est également "l'un des 10 pays en développement qui pourraient être les plus touchés par la montée des niveaux des eaux", a indiqué mercredi son ex-ministre du Pétrole, Abdallah Al-Attiyah, président de la conférence.

"Un environnement durable est un fondement essentiel de notre vision nationale", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Sven Teske de Greenpeace International affirme qu'un succès de la présidence qatarie est dans l'intérêt de Doha "à moyen et long terme".

"Réduire les émissions (de gaz à effet de serre) n'est pas une charge supplémentaire mais une opportunité", a-t-il dit, avant de souligner: "Quand les négociations sur le climat ont commencé il y a quelques années, l'énergie solaire était dix fois plus coûteuse qu'aujourd'hui".

Selon lui, le Qatar doit saisir cette occasion pour "de nouveaux marchés, de nouvelles technologies et de nouvelles entreprises en matière d'énergie renouvelable".

Mais un négociateur européen estime que la récente brouille du Qatar avec la Russie sur la crise syrienne pourrait entraver sa capacité à faciliter les négociations de Doha: "Il faut des gens pour arbitrer les accords, et il faut que la présidence joue un rôle".

Or, a-t-il ajouté, "les Qataris ne parlent pas aux Russes, qui ne sont pas les plus faciles dans les négociations".

Toutefois la responsable de l'ONU pour le climat, Christiana Figueres, a dit "n'avoir aucun doute qu'ils (Qataris) se sont engagés pour une (réunion) qui ne va pas seulement réussir dans la forme, mais qui va réellement avoir du succès sur le fond".

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