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A la recherche d'un consensus sur le thon rouge

Des filets de pêche, les "thonailles" [Patrick Valasseris / AFP/Archives] Des filets de pêche, les "thonailles" [Patrick Valasseris / AFP/Archives]

Les pays chargés de gérer la pêche au thon rouge pour la zone Atlantique doivent aboutir lundi, après une semaine de débats à huis clos à Agadir (sud), à un consensus sur les nouveaux quotas de capture de cette espèce victime de surpêche dans les année 1990 et 2000.

"Sauf surprise, nous devrions avoir un niveau maximal de captures compris dans la fourchette recommandée par les scientifiques", soit entre 12.900 (le niveau actuel) et 13.500 tonnes pour l'Atlantique-Est et la Méditerranée, a indiqué à l'AFP le responsable d'une délégation européenne.

Au cours des années 90 et 2000, les prises totales de thon rouge, légales et illégales, sont allées jusqu'à 50.000 tonnes par an en Méditerranée/Atlantique-Est. Le quota était encore de 22.000 tonnes en 2009.

Les scientifiques de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), qui réunit 47 pays et l'Union européenne, ont préconisé une quasi stabilité des volumes de pêche, même s'ils ont pour la première fois observé des signes de rétablissement du stock en Méditerranée.

Ils ont jugé que la prudence était de mise jusqu'en 2015 en raison d'incertitudes sur "l'ampleur" et "la vitesse" de cette hausse.

Les ONG, qui plaident pour un strict statu quo des quotas, soulignent que la pêche illégale, qui a diminué mais pas disparu, n'est pas prise en compte dans l'évaluation scientifique.

L'âge de reproduction de cette espèce -entre 4 et 5 ans en Méditerranée- allonge aussi les délais de renouvellement du stock et doit inviter à ne pas crier victoire trop tôt, ajoutent les ONG comme Pew Environnement, WWF ou Oceana, présentes à Agadir.

Les circuits de migration et de reproduction de cette espèce ne sont encore pas tout à fait établis, notamment les circulations entre le stock Atlantique-Est/Méditerranée et celui de l'Atlantique-Ouest (Golfe du Mexique), soulignent les spécialistes.

Le thon rouge a disparu des côtes brésiliennes et norvégiennes où il frayait autrefois.

Vue prise le 17 août 2007 de filets de pêche entassés sur le port de Carro [Patrick Valasseris / AFP/Archives]
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Vue prise le 17 août 2007 de filets de pêche entassés sur le port de Carro
 

Un grand migrateur

Ce prédateur emblématique de la Méditerranée peut mesurer jusqu'à deux mètres et peser jusqu'à 300 kg. Il est pêché dans des eaux peu profondes mais à certaines périodes de l'année peut descendre jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.

Sa chair est très prisée par les consommateurs japonais, qui absorbent 80% de la pêche en Méditerranée.

Pour l'Atlantique-Ouest, la recommandation des scientifiques est de 1.750 tonnes. Malgré un faible volume de capture permis depuis des années, ce stock ne semble pas évoluer.

Depuis une semaine, d'intenses discussions ont eu lieu à Agadir entre les pays membres de la Cicta (UE, Canada, USA, Japon, Chine, pays méditerranéens et africains, Norvège, Brésil, Islande, etc.) pour décider des nouveaux quotas.

Certains pays ont défendu, dans le secret du huis clos, une hausse des prises permises. L'UE a officiellement soutenu l'avis des scientifiques.

La Libye, qui n'a pas pêché en 2012, a demandé un report ("carry-over") de son quota sur 2013, ce qui n'est normalement pas possible. L'Algérie a demandé à récupérer un niveau de quota qu'elle a perdu au profit de pays voisins depuis 2010.

Outre les quotas de thon rouge, les mesures de gestion ont été discutées, notamment les contrôles et le document de pêche de chaque lot, appelé "bluefin tuna catch document" (BCD) et qui doit assurer une traçabilité depuis la capture jusqu'à la commercialisation.

Pour les requins, des mesures de protection ont été débattues, certaines espèces étant en danger.

L'UE a proposé une protection renforcée du requin taupe et les Etats-Unis une réglementation plus stricte pour interdire la découpe d'ailerons de requins à bord des navires.

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