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Le Chili ouvre l'exploitation de ses immenses réserves de lithium au privé

Une exploitation de lithium en Bolivie[AFP/Archives]

Le Chili, premier producteur mondial de lithium, considéré comme le "pétrole du futur", vient d'ouvrir l'exploitation de ses vastes réserves à des entreprises privées, mais l'opposition considère que cette production devrait conserver un caractère stratégique.

Le lithium, également surnommé "or gris", est utilisé pour les batteries de voiture, de téléphones portables ou d'ordinateurs, mais aussi la verrerie ou la médecine.

Trois pays, le Chili, la Bolivie et l'Argentine concentrent 85% des réserves mondiales, ce qui leur a valu le surnom d'"Arabie Saoudite" du lithium.

Jusqu'à présent, seules deux entreprises privées exploitent ce métal mou dans le cadre d'un partenariat avec l'Etat dans le désert de sel de l'Atacama (nord) avec des quotas de production qui devraient être épuisés entre 2030 et 2040.

Le lithium avait été déclaré ressource "stratégique" pendant la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) pour son utilisation potentielle en matière d'armement nucléaire, mais le gouvernement a finalement lancé mardi un appel d'offres pour ouvrir à des entreprises nationales et étrangères l'exploration et l'extraction du lithium.

Les lauréats de cet appel d'offres pourront extraire jusqu'à 100.000 tonnes de ce métal sur 20 ans, et devront reverser à l'Etat 7% du total de leurs recettes mensuelles en guise de royalties.

Le droit d'exploitation autorisera les entreprises choisies à exploiter le lithium dans les zones de leur choix, à l'exception de concessions minières déjà existantes.

"Envisager un changement est une bonne idée", analyse pour l'AFP Jaime Gajardo, du Centre d'Etudes du cuivre (CESCO). "Les raisons qui ont généré l'exception dans le cas du lithium pour des raisons +stratégiques+ sont liées davantage à la qualité de lithium qu'à une utilisation dans la technologie nucléaire", estime-t-il.

Toutefois, les experts et les députés de l'opposition ont critiqué cette décision, estimant que le lithium devrait être traité comme un thème stratégique dans lequel l'Etat doit jouer un rôle central, compte tenu de l'expérience historique du pays dans l'exploitation du cuivre.

Le Chili reste le premier producteur mondial de cuivre, avec 35% de l'offre mondiale. Jusqu'au début des années 70, le cuivre était principalement aux mains de compagnies privées, mais après la nationalisation des gisements les plus importants, l'Etat chilien est devenu un des principaux producteurs mondiaux.

Le lithium est "extrêmement peu cher et essentiel pour les batteries automobiles, c'est pour cela qu'on le choisit, mais c'est un petit négoce qui n'atteint pas les 400 millions de dollars annuels", relève pour sa part Jaime Alee, directeur du Centre pour l'innovation du lithium de l'Université du Chili.

"Il y aura un moment où le Chili devra se demander s'il va continuer à vendre des matières premières ou commencer à produire des biens manufacturés. Il n'y a aucun pays qui se soit développé uniquement avec la vente de matières premières", assure-t-il à l'AFP.

"Nous appelons le gouvernement à cesser l'appel d'offres et à ouvrir un débat dans le pays pour mettre au point une politique publique qui donne de la valeur ajoutée et contribue au développement du Chili", a critiqué quant à elle la sénatrice socialiste Isabel Allende.

Cet appel d'offres met un terme à la "possession du lithium par le Chili", a estimé pour sa part le sénateur démocrate-chrétien Mariano Ruiz-Esquide.

Le pays andin compte aujourd'hui 40% des réserves de lithium métallique, derrière la Bolivie, où elles sont concentrées dans les lacs salés du nord, ce qui facilite leur exploitation.

Le Chili représente près d'un tiers de la production mondiale avec 43% du total, suivi par l'Australie (23%), la Chine (14%) et l'Argentine (14%), selon la Commission chilienne du cuivre (COCHILCO).

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