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La crise chinoise inquiète

Le ralentissement de l’économie chinoise aura forcément un impact sur ses partenaires mondiaux.[WANG ZHAO / AFP]

L’année 2016 débute difficilement pour Pékin, qui traverse une crise boursière majeure. Le reste de la planète craint une possible contagion.

La locomotive de l’économie mondiale est au ralenti. Depuis le début du mois de janvier, la Chine montre des signes de fatigue inquiétants. A deux reprises, les principales Bourses du pays (Shenzhen et Shanghai) ont perdu plus de 7 %, obligeant les autorités à stopper les transactions. Un mécanisme propre au pays.

Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, la croissance de son PIB devrait ralentir à 6,7 % en 2016, contre 6,9 % en 2015. Ces chiffres feraient rêver en Europe, mais il s’agit pourtant de la plus mauvaise performance de la Chine depuis 1990. Des résultats qui font craindre une contagion internationale. Hier, le haut responsable chinois Yang Jiechi, a d’ailleurs estimé que «le risque d’une nouvelle crise économique [mondiale]» ne devait pas être écarté.

Des partenaires inquiets

Le ralentissement de l’économie chinoise aura forcément un impact sur ses partenaires mondiaux. Les premiers touchés devraient être ses «pays usines», Vietnam, Philippines ou Indonésie, qui dépendent directement des commandes chinoises. Les autres pays émergents peuvent également avoir des craintes, surtout en Afrique. En 2015, les exportations (de matières premières et d’énergie notamment) du continent vers la Chine ont déjà connu une baisse de 38 % par rapport à 2014 et risquent d’être encore plus affectées.

En Europe, les pays nordiques et l’Allemagne devraient eux aussi être concernés. Berlin expédie en effet près de 7 % de ses exportations vers Pékin. La France non plus n’est pas à l’abri. Les investissements chinois dans l’Hexagone, qui représentent selon le Quai d’Orsay un stock d’environ 4,3 milliards d’euros et près de 13 000 emplois, pourraient se raréfier. Quant aux investissements français, «ils pourraient être freinés par Pékin, au profit d’entreprises nationales», estime Jean-Joseph Boillot, conseiller au CEPII et auteur de Chindiafrique (éd. Odile Jacob), qui juge toutefois «probable que cela ne conduise pas à une contagion mondiale». Pour le moment.

Un modèle à réinventer

Pour redresser la barre, les autorités chinoises ont d’ores et déjà imaginé un plan de bataille. Le gouvernement de Xi Jinping a mis en place une «normalisation», qui passe par une relance de l’économie interne, une baisse des taux d’intérêt et des réformes structurelles visant à réduire les droits de douane et à booster les exportations. Il cherche aussi à changer son modèle économique en développant le secteur des services et en orientant son industrie vers des produits de plus grande qualité. Un changement qui ne se fera pas sans douleur. «Lorsque l’on passe de 10 à 5 % de croissance, se pose toujours le problème de l’atterrissage, explique Jean-Joseph Boillot. L’ajustement va durer cinq à dix ans et créer quelques turbulences.»

 

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