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La France bloque une pièce de 2 euros commémorant Waterloo

Reconstitution en 2010 de la bataille de Waterloo perdue par Napoléon Bonaparte en 1815.[AFP/Archives]

La Belgique a renoncé à émettre une pièce commémorant le bicentenaire de la bataille de Waterloo, après l'opposition de la France qui jugeait que le rappel de cette ultime défaite de Napoléon pouvait créer des "tensions inutiles" en Europe.

 

"La France s'est (...) opposée à cette proposition", a reconnu jeudi le ministère belge des Finances. Grâce au "soutien d'un certain nombre de grands pays européens", la France disposait de la majorité qui lui aurait permis de l'emporter face à la Belgique si l'affaire avait été soumise au vote des ministres européens des Finances, a-t-il expliqué.

"Ce projet est susceptible d'engendrer une réaction défavorable en France", car "la bataille de Waterloo est un événement dont la résonance particulière dans la conscience collective va au-delà de la simple évocation d'un conflit militaire", a estimé Paris dans une lettre dont l'AFP a eu connaissance.

 

"Une symbolique négative"

"La circulation de pièces courantes portant une symbolique négative pour une fraction de la population européenne nous paraît préjudiciable, dans un contexte où les gouvernements de la zone euro s'efforcent de renforcer l'unité et la coopération autour de la monnaie unique", ont encore argué les autorités françaises.

"Je suis quelque peu surpris de toute cette agitation", a commenté le ministre belge Johan Van Overtveldt. "L'Europe a bien d'autres dossiers à traiter et de défis importants à relever au lieu de perdre son temps et son énergie dans cette affaire".

 

180.000 pièces déjà frappées

Quelque 180.000 pièces de deux euros destinées aux collectionneurs avaient déjà été frappées par la Monnaie royale de Belgique, a indiqué à l'AFP Manuela Wintermans, responsable syndical au ministère des Finances.

Sur une face de cette pièce, est gravée la célèbre "butte du Lion", érigée sur le lieu de cette bataille entre les Français et l'armée des alliés, composée de soldats britanniques, prussiens et néerlandais, qui fit près de 12.000 morts le 18 juin 1815 et marqua la fin de l'épopée napoléonienne. Son bicentenaire doit être célébré avec faste en Belgique.

Emballées manuellement dans un coffret spécial en carton, les pièces devaient être vendues 8 euros chacune et étaient prêtes à être expédiées dans toute la zone euro. Au total, 270.000 pièces d'une valeur faciale de deux euros étaient prévues.

"Cela devait rapporter à l'Etat 2,45 millions d'euros. Une fois qu'on aura tout déballé et détruit, il restera une perte de 1,5 million d'euros", s'est indignée Mme Wintermans.

"Ce n'était pas une bonne idée dans le contexte de la construction européenne et cela créait des tensions inutiles", a fait valoir une source européenne à Bruxelles, expliquant que les échanges entre la France et la Belgique avaient eu lieu dans le cadre du "sous-comité des pièces" de l'instance qui réunit les directeurs du Trésor des pays de la zone euro.

"C'est hypocrite!", a jugé un employé de la Monnaie de Belgique, qui a demandé à rester anonyme. "La Monnaie de Paris a installé des distributeurs" sur le site de la butte du Lion, a-t-il affirmé à l'AFP. "Pour deux euros, vous pouvez y obtenir votre médaille souvenir" représentant le fameux lion, ou Napoléon portant son bicorne.

La Belgique n'a toutefois pas renoncé à frapper monnaie pour commémorer cette bataille, dont l'issue redessina pour un siècle les frontières de l'Europe. "Afin d'apaiser les esprits", a indiqué le ministère, "nous examinerons comme alternative la possibilité de créer une pièce commémorative spéciale (...) d'une valeur" de 3 ou 5 euros, qui ne peuvent donc pas faire l'objet d'un veto d'un Etat membre.

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