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Poutine face à la crise

Vladimir Poutine, le président russe. [ARCHIVES AFP]

Le président russe est longuement intervenu, hier, après le récent krach du rouble. Il a tenté de rassurer, mais la situation est périlleuse.

 

Vladimir Poutine n’a pas pour habitude de se montrer abattu. Intervenant hier devant les médias locaux pour sa conférence de presse annuelle, le président russe se savait attendu au tournant. Son pays est en effet confronté à sa plus grave crise depuis 1998, les sanctions occidentales, liées à la crise ukrainienne, et la baisse des cours du pétrole fragi­lisant considérablement l’économie russe.

 

Poutine face à la crise

La situation a même tourné à la panique en début de semaine, lorsque le rouble a perdu 9,5 % lundi, puis 7 % mardi. Mais durant plus de trois heures, il a tenté hier de rassurer ses compatriotes, promettant des lendemains meilleurs. Le maître du Kremlin s’est aussi montré intraitable sur la crise ukrainienne, qui a provoqué le ­refroidissement des relations entre la Russie et les pays occidentaux.

 

Une crise économique profonde

Si la situation n’est pas comparable à celle qui prévalait en 1991, à la chute de l’Union soviétique, la Russie est entrée dans une période de turbulences inédite depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, à l’été 1999. Ce dernier avait alors trouvé une économie moribonde, après que le pays s’est ­retrouvé en cessation de paiement un an plus tôt. Mais cette situation n’a pas empêché le président russe de se montrer hier résolument optimiste. "La crise économique durera deux ans maximum", a-t-il tenu à rassurer. Une façade, selon Galia Ackerman, historienne spécialiste de la Russie. "Il n’en sait pas plus que vous et moi, puisque cela dépend en grande partie des prix du pétrole. Poutine a une grande part de responsabilité dans la situation ­actuelle : en quinze ans, il n’a rien fait pour développer son pays, tout en permettant à une minorité de s’enrichir : Et maintenant que le pétrole baisse, le roi est nu", analyse-t-elle.

Alors que les sanctions occidentales devraient rester encore longtemps en place, et que les cours du pétrole ne semblent pas près de baisser, la crise actuelle pourrait donc être appelée à durer.

 

Seul contre tous

Face à une situation qui risquerait de le fragiliser, Vladimir Poutine s’est, une nouvelle fois, abrité derrière la rhétorique consistant à présenter la Russie comme une forteresse assiégée. "Nos partenaires ont décidé qu’ils étaient les vainqueurs, qu’ils étaient un empire et que les autres étaient des vassaux qu’il faut faire marcher au pas", a-t-il lancé. Une stratégie politique qui a toujours fonctionné jusqu’à présent, le président russe culminant toujours à près de 80 % d’opinions favorables. Une popularité renforcée par l’annexion de la Crimée, qui lui a permis de s’afficher en chef de guerre puissant, et par les sanctions ­occidentales, l’autorisant à jouer sur la fibre patriotique de la population. Mais la situation pourrait changer. "Les Russes ne ressentent pas encore tous les effets de la chute du rouble, qui commence à peine à se répercuter sur les prix, rappelle Galia Ackerman. Mais il n’est pas certain que cela dure". Intouchable jusqu’à présent, Vladimir Poutine pourrait ainsi voir son étoile se ternir.

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