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Pour Poutine, l'Occident se comporte comme "un empire"

Vladimir Poutine estime que la Russie renouera avec la croissance dans deux ans dans le pire des cas.[AFP]

Vladimir Poutine a promis jeudi aux Russes une sortie dans les deux ans de la sévère crise économique dans laquelle est plongé le pays avec l'effondrement du rouble et a accusé les Occidentaux de se compter en "empire" dictant la marche à suivre à ses "vassaux".
 

Très attendu, le président russe est sorti de son silence dès l'ouverture de sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année sur le plongeon du rouble, qui a pris lundi et mardi une ampleur inédite depuis le placement du pays en défaut de paiement en 1998.

"Dans le scénario le plus défavorable pour la conjoncture internationale, la situation peut durer deux ans mais elle peut se corriger avant", a-t-il déclaré, avouant la difficulté à établir une quelconque prévision face à "de nombreux facteurs d'incertitude".

Pas question en revanche de changer de ton sur l'Ukraine où, a-t-il accusé, les autorités de Kiev mènent une "opération punitive" contre les rebelles de l'Est, ni sur les Occidentaux qui se comportent comme un "empire" qui veut "faire marcher au pas ses vassaux". Très populaire en Russie mais mis au ban des nations occidentales, Vladimir Poutine a ainsi semblé opposer une fin de non-recevoir à l'appel du pied de Washington. A Londres mardi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait prévenu que les sanctions occidentales pouvaient être levées "en quelques semaines ou quelques jours, en fonction des choix du président Poutine".
 

Le rouble repart en baisse

Très attendue par les Russes, confrontés à une envolée des prix et une perte de leur pouvoir d'achat, la prise de parole de l'homme fort du Kremlin intervient dans un climat plus apaisé après un début de semaine cauchemardesque avec des chutes de 9,5% lundi puis de 7% mardi de la monnaie.

Signe que le marché n'est pas complètement rassuré, le rouble, en hausse en début de journée, a baissé après les premiers propos du président. Il s'échangeait vers 08H10 GMT 61,39 roubles pour un dollar et 76,07 roubles pour un euro.

Le rouble reste en baisse de 40% par rapport à son niveau au début de l'année et l'onde de choc monétaire du début de semaine promet de difficiles mois à venir pour l'économie russe. La presse russe rapporte que certains fournisseurs et importateurs ont suspendu leurs livraisons en attendant de voir l'évolution de la monnaie ou ont déjà augmenté leurs prix.

Le président russe se trouve dans une situation paradoxale à l'issue d'une année de crise ukrainienne. L'annexion de la Crimée l'a rendu plus populaire que jamais, avec une cote de confiance dépassant 80%, et incontournable sur la scène internationale.

Mais le pays sort isolé par les sanctions, qui ont affaibli le rouble, ensuite coulé par la chute vertigineuse des cours du pétrole, principale source de revenus pour l'Etat russe. Et la crise actuelle, par son ampleur et surtout sa durée prévue, est la plus délicate qu'ait eu à gérer le président depuis son arrivée au pouvoir en 1999.
   
 

Aide aux banques

S'il a mis en cause les "facteurs extérieurs" et en premier lieu la chute des prix du pétrole, il a reconnu que la Russie avait sa part de responsabilité, n'ayant pas profité suffisamment des années passées pour diversifier son économie, très dépendante des cours des hydrocarbures.

Dans un entretien publié jeudi, le ministre de l'Economie, Alexeï Ouiloukaïev, s'était montré plus sévère. "D'une certaine manière, nous avons préparé nous-mêmes cette crise. La crise structurelle est en partie le résultat d'une économie qui n'a pas été réformée", a-t-il jugé avec une rare franchise.

Il a également évoqué des perspectives sombres avec des sanctions américaines appliquées, "semble-t-il pour des décennies". Face à cette crise, "nous allons utiliser les mesures que nous avons employées avec succès en 2008", a expliqué le président.

Il n'a cependant rien annoncé de concret, assurant simplement qu'il ne prendrait aucune mesure dirigiste pour encadrer le marché et qualifiant les décisions prises par le gouvernement et la banque centrale d'"adéquates" malgré quelques critiques.

 

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