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Travail le dimanche : les commerçants pas convaincus

La question du travail du dimanche est au cœur des débats à Paris. [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]

Le projet de libéralisation des ouvertures dominicales des commerces, qui doit être présenté mercredi en conseil des ministres, suscite déjà beaucoup de remous, y compris chez les commerçants, dont beaucoup le jugent trop timoré.

 

Comme l'a confirmé Manuel Valls dimanche, le gouvernement prévoit notamment d'étendre la possibilité pour les commerçants d'ouvrir leurs magasins de 5 à 12 dimanches par an. Les ouvertures dominicales seraient également élargies pour les commerces situés dans les zones de très forte affluence touristique, comme Paris, et les gares.

Ces mesures, intégrées au projet de loi Macron sur la croissance et l'activité, seront dévoilées dans leur intégralité mercredi.

Elles provoquent toutefois déjà une forte opposition chez les syndicats, qui appellent à une manifestation le 16 décembre.
Elles sont également loin de faire l'unanimité à l'UMP, qui voudrait une plus grande libéralisation, mais également chez plusieurs élus de gauche, dont le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis et la maire de Paris Anne Hildalgo, favorable au contraire à des ouvertures plus limitées.

Côté distribution, si beaucoup comme Gérard Atlan, le président du Conseil du commerce de France, saluent "un premier pas en avant", la plupart des représentants d'enseignes restent sur leur faim.

Jacques Creyssel, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) a dénoncé en novembre une "réforme riquiqui, qui se contente de quelques mesures ciblées".
    
 

Concurrence d'internet 
 
"Le sujet n'est plus aujourd'hui de savoir si les Français pourront faire leurs courses le dimanche, mais de savoir s'ils le feront dans un magasin physique, avec des emplois à la clé, ou dans des magasins virtuels", explique-t-il.

"Internet est ouvert 24h sur 24 et 7 jours sur 7", souligne également François-Marie Grau, délégué général de la fédération du prêt-à-porter féminin. Tout en reconnaissant que le projet de loi est déjà "un grand progrès par rapport à la situation existante", il estime qu'il "serait utile de réfléchir à accorder une dérogation permanente d'ouverture dominicale pour les magasins d'habillement".

Le PDG de la Fnac, Alexandre Bompard, réclame lui aussi l'ouverture dominicale généralisée des points de vente culturels, pour contrer la concurrence d'internet.

Actuellement, seuls les magasins d'ameublement, de jardinerie et de bricolage bénéficient de ces dérogations.

Jean-Claude Bourrelier, PDG de Bricorama, qui réclamait de longue date davantage d'ouvertures dominicales, a pourtant déploré début octobre le fait de n'avoir pas plus de clients depuis qu'il a l'autorisation d'ouvrir le dimanche.
Selon lui, cette réforme arrive peut-être un peu trop tard, les clients ayant déjà pris l'habitude d'aller faire leurs courses ailleurs le dimanche.
    
 

Porte-monnaie "pas extensible"
    
Par ailleurs, rappelle Christophe Rollet, le dirigeant de Point S, "ce n'est pas en ouvrant le dimanche que l'on va créer plus de pouvoir d'achat, le porte-monnaie des consommateurs n'est pas extensible. Ils n'achèteront pas le lundi ou le mardi ce qu'ils ont acheté le dimanche", explique-t-il.

A son image, d'autres commerçants redoutent une possible cannibalisation des achats de semaine par le dimanche, ce qui au final n'entraînerait pas ou peu de ventes supplémentaires.

Pour Yves Marin, expert distribution chez Kurt Salmon, l'ouverture dominicale devrait apporter "entre 3 et 5% de chiffre d'affaires en plus, et un gain de 3% sur le résultat net". 
"Dans les villes à forte affluence touristique, ouvrir le dimanche sera, c'est sûr, porteur de ventes additionnelles", estime également Stéphane Rimbeuf du cabinet Deloitte.

Pour le reste, estime ce spécialiste, il faudrait plutôt "réfléchir par catégories de produits" : l'ouverture dominicale "fait sens" pour celles "fortement concurrencées par le e-commerce, comme les biens culturels", mais "pour d'autres secteurs comme l'alimentaire, cela risquerait d'entraîner plutôt un report de consommation que de la consommation additionnelle".

Un avis que partage en partie Georges Plassat, le PDG de Carrefour, favorable à l'ouverture dominicale des petits commerces alimentaires de centre-ville "mais beaucoup moins, voire pas du tout pour les hypers".

Selon lui la question des ouvertures en soirée, plutôt que le dimanche, serait plus pertinente pour l'alimentaire. Preuve que le débat sur les horaires d'ouvertures des magasins est encore loin d'être terminé.

 

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