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Guerre des prix dans l'alimentation : pas de trêve en vue

Une femme dans les rayons d'un supermarché à Faches-Thumesnil dans le Nord le 27 juin 2014 [Philippe Huguen / AFP/Archives] Une femme dans les rayons d'un supermarché à Faches-Thumesnil dans le Nord le 27 juin 2014 [Philippe Huguen / AFP/Archives]

La guerre des prix dans l'alimentaire continue de faire rage dans les rayons... et si fournisseurs et enseignes de la grande distribution reconnaissent les "dangers" de cette course au vendre-moins-cher et la nécessité d'ouvrir des discussions sur la question, un consensus semble difficile à obtenir.

Entre producteurs et distributeurs, qui se sont retrouvés mercredi lors d'une table ronde à l'Assemblée nationale, et doivent se réunir de nouveau ce jeudi à Bercy, chacun s'est certes montré "ouvert au dialogue", mais tous sont sortis en campant sur leurs positions.

Agriculteurs et industriels ont une nouvelle fois mis en avant les risques de destruction de valeur et d'emplois dans les filières en cas de poursuite des pressions de la part des enseignes de supermarchés pour revoir les prix toujours à la baisse.

Ces derniers ont, eux, fait valoir le fait qu'on ne pouvait pas imposer des hausses de prix à des consommateurs dont le pouvoir d'achat ne cesse de baisser du fait de la crise.

Pourtant, au départ, tous étaient d'accord sur un point: la situation est aujourd'hui "inquiétante" et "critique".

Depuis plusieurs mois "nous sommes entrés dans une période de déflation molle", qui n'est souhaitable pour personne, a dit Olivier Andrault, chargé de mission à l'UFC-Que Choisir.

Selon l'Insee, les prix des produits de grande consommation dans la grande distribution se sont repliés de 0,1% en juin et de 0,5% en un an.

"Le marché intérieur français est aujourd'hui très compliqué de par la volatilité des prix des matières premières", qui après de fortes hausses en 2007-2008 puis en 2010, ont été brutalement revus à la baisse depuis un an, le tout étant "alimenté par une guerre des prix" dans la grande distribution qui pèse sur les marges de tous les acteurs, a expliqué Henri Brichart, vice-président de la FNSEA.

"Cette situation est aujourd'hui dangereuse pour les producteurs, les industriels et les distributeurs", a convenu Jacques Creyssel de la FCD (Fédération des entreprises du commerce et de la distribution).

"Il y a aujourd'hui de la casse, et il va sans doute y en avoir d'autre", a renchéri Michel-Edouard Leclerc, patron de l'enseigne homonyme, soulignant les risques de la situation pour les petits producteurs.

- Revenir à un "juste" prix -

Si un consensus se dégage sur la nécessité de substituer un "prix juste" aux seuls "prix bas", distributeurs et fournisseurs divergent en revanche sur la méthode pour y parvenir, chacun se renvoyant la balle.

Pour Jean-Philippe Girard de l'Ania (industriels), il faut revenir à des tarifs qui permettent "un juste revenu pour les agriculteurs, des marges suffisantes pour les industriels et les distributeurs, tout en respectant les consommateurs".

Selon lui, cela passera par un dialogue, mais aussi par "un durcissement des contrôles et des sanctions" à l'encontre de la grande distribution quand celle-ci ne respecte pas les contrats.

Il estime que cette dernière ne répercute pas suffisamment les hausses de matières premières, citant l'exemple du poisson "dont les prix progressent entre 10 et 20%, alors que nos clients (la grande distribution, NDLR) n'acceptent pas des hausses de plus de 5%".

Aujourd'hui, "dans certains secteurs, comme le porc, le prix ne veut plus rien dire du tout, en raison d'un mécanisme de promotions permanentes (mis en place par la grande distribution, NDLR). Il faut qu'on sache redonner une vraie valeur au produit", a souligné de son côté la FNSEA.

Une valeur produit qui est également chère à Michel-Edouard Leclerc. Mais pour lui, celle-ci doit passer par davantage d'innovations de la part des entrepreneurs, et pas par une remontée mécanique et globale des prix.

"Si le but des discussions est de ré-augmenter les prix, je ne suis pas d'accord. Et je ne crois pas que les consommateurs l'accepteront", dit-il.

Jacques Creyssel estime qu'une remontée des tarifs risquerait de faire chuter les volumes de ventes, "comme en Grande-Bretagne et de l'Allemagne, qui après avoir pratiqué des hausses de prix ont vu les volumes reculer de respectivement 5,6% et 2,5%".

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