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La crainte d'une "guerre des monnaies"

Le siège de la banque centrale britannique, la Bank of England, à Londres [Adrian Dennis / AFP/Archives] Le siège de la banque centrale britannique, la Bank of England, à Londres [Adrian Dennis / AFP/Archives]

Les pays du G7 ont tenté de déminer mardi les craintes d'une "guerre des monnaies", ravivée par les mesures prises récemment par le Japon, en réitérant qu'ils laissaient au marché le soin de fixer librement les taux de change tout en jugeant qu'une "volatilité excessive" était négative.

Le club des pays riches a diffusé un communiqué officiel à quelques jours de la réunion vendredi et samedi à Moscou des ministres des Finances du G2O, qui rassemble pays riches et émergents, alors que les inquiétudes montent sur une course aux dévaluations compétitives.

Réaffirmant leur "engagement de longue date pour des taux de change déterminés par le marché", les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G7 ont assuré que ses membres ne se fixeraient pas "d'objectif de taux de change" dans un communiqué publié par le Royaume-Uni, qui en assure la présidence cette année.

"Une volatilité excessive et des mouvements désordonnés dans les taux de change peuvent avoir des implications défavorables pour la stabilité économique et financière", ont par ailleurs répété les grands argentiers de ce club qui réunit l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et le Japon.

"Nous continuerons à nous consulter étroitement sur les changes et à coopérer de façon appropriée" et "nos politiques budgétaires et monétaires ont été et resteront orientées vers nos objectifs nationaux respectifs en utilisant des instruments nationaux", ont-ils encore dit.

Washington avait apporté sa contribution lundi au débat sur une "guerre des monnaies" en appelant - par la voix de Lael Brainard, sous-secrétaire au Trésor chargée des questions internationales - les pays du G20 à éviter les "dévaluations compétitives" afin de limiter les sources de "conflit" et ne pas handicaper une économie mondiale encore "faible".

Les craintes d'une "guerre des monnaies" entre grandes puissances ont été relancées après l'assouplissement monétaire décidé en janvier par la banque centrale du Japon, sous la pression du nouveau gouvernement, pour combattre la déflation et la cherté du yen qui pénalise les exportations.

Mais le communiqué du G7 semble toutefois dédouaner les mesures japonaises en n'y faisant aucune référence directe.

Le ministre des Finances japonais, Taro Aso, a d'ailleurs salué le ton du texte en soulignant que "les différents pays ont bien compris que la politique monétaire du Japon n'était pas une manipulation des monnaies".

Sur le marché des changes, le communiqué du G7 a donc eu pour conséquence une poursuite de l'affaiblissement du yen et de la remontée de l'euro face au dollar.

La remontée de l'euro préoccupe fortement la France, qui craint qu'elle ne mine ses efforts de relance de la compétitivité et veut qu'un débat soit ouvert au sein de la zone euro, alors que les Etats-Unis font eux aussi tourner massivement la planche à billets, ce qui a pour effet de diluer la valeur du billet vert face à l'euro.

Berlin et la BCE rejettent toutefois l'idée d'une surévaluation de la monnaie unique.

Il faut "faire en sorte que les monnaies ne soient pas l'instrument d'écarts de compétitivité qui ne seraient pas réels mais qui seraient simplement monétaires. Nous devons faire en sorte que les parités ne soient pas utilisées à des fins commerciales", a insisté le président français François Hollande après la diffusion du communiqué du G7.

Pour les analystes, les tentatives d'apaisement risquent donc dans tous les cas de tourner court. "Tout ce qui a trait" à la guerre des monnaies "semble sur-interprété" par le marché et "l'hystérie devrait se poursuivre jusqu'à la réunion du G20", ont commenté ceux de Commerzbank.

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