En direct
A suivre

Le charbon en passe de ravir au pétrole sa place de n°1 mondial

Mineur mexicain à la mine de charbon d'Agujita, le 13 novembre 2012 [Yuri Cortez / AFP/Archives] Mineur mexicain à la mine de charbon d'Agujita, le 13 novembre 2012 [Yuri Cortez / AFP/Archives]

Le charbon polluant et ses "gueules noires", rois du XXIe siècle ? Tiré par l'immense appétit de la Chine, "King Coal" devrait d'ici 5 à 10 ans détrôner le pétrole comme première source d'énergie mondiale, a averti mardi l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

"Grâce à des ressources abondantes et une demande insatiable d'électricité des marchés émergents, le charbon a représenté près de la moitié de l'augmentation de la demande mondiale d'énergie lors de la première décennie du XXIe siècle", souligne l'AIE (agence autonome de l'OCDE).

Dans un long rapport, l'AIE se penche sur l'évolution du marché du charbon pour les cinq ans à venir. Conclusion: en 2017, la consommation de charbon devrait représenter 4,32 milliards de tonnes équivalent pétrole, tout près des 4,4 milliards de l'or noir.

"La part du charbon dans le bouquet énergétique mondial continue de progresser chaque année, et si aucun changement n'est fait aux politiques actuelles, le charbon rattrapera le pétrole d'ici une décennie", avertit la patronne de l'organisation basée à Paris, Maria van der Hoeven.

Comme le résume l'AIE, "le charbon c'est la Chine. La Chine c'est le charbon". A lui seul, le géant asiatique, qui inaugure les centrales électriques à charbon à tour de bras, a représenté l'an dernier 46,2% de la consommation mondiale.

Le cap des 50% devrait être franchi dès 2014, ce qui signifie que la Chine consommera à ce moment-là davantage de charbon que tous les autres pays réunis.

Des secouristes chinois à la mine de charbon de Xiaojiawan, après une explosion, le 31 août 2012 [Str / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Des secouristes chinois à la mine de charbon de Xiaojiawan, après une explosion, le 31 août 2012
 

Mais la tendance est générale: l'AIE s'attend "à ce que la demande de charbon augmente dans toutes les régions du monde", à l'exception notable des Etats-Unis. L'Inde devrait ainsi ravir la place de deuxième consommateur mondial aux Américains d'ici 2017.

Gaz de schiste, meilleure arme contre le charbon ?

Dans son tableau très noir, seuls les Etats-Unis font exception: le boom des gaz de schiste (eux-même controversés pour leurs risques environnementaux pour les sous-sols) y a entraîné une chute des prix du gaz qui a rendu le charbon beaucoup moins intéressant.

En l'absence d'un prix élevé du carbone qui pénaliserait les énergies polluantes, "seule une concurrence féroce d'un gaz à bas prix permet effectivement de réduire la demande de charbon", fait valoir l'AIE. "L'Europe, la Chine et d'autres devraient en prendre note", estime Mme van der Hoeven.

Reste que le déclin du charbon aux Etats-Unis a entraîné un bond des exportations américaines, notamment vers l'Europe, note l'AIE. Conséquence: les prix du charbon en Europe ont chuté de 130 dollars la tonne en mars 2011 à 85 dollars en mai 2012.

Même dans le Vieux Continent aux objectifs environnementaux plus ambitieux, certains pays se tournent davantage vers le charbon.

Ainsi, lors du premier semestre 2011, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne ont tous les trois produit significativement moins d'électricité à partir de gaz (moins générateur de gaz à effet de serre), et notablement plus à partir du charbon, souligne l'AIE.

Aujourd'hui, le charbon représente déjà près de 28% de l'énergie consommée dans le monde et constitue la première source d'électricité, selon l'AIE.

Des mineurs américains à Beallsville, Ohio, le 14 août 2012 [Saul Loeb / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Des mineurs américains à Beallsville, Ohio, le 14 août 2012
 

Le constat de la percée du combustible sonne comme un avertissement au moment où les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique passent au second plan.

D'autant que la principale piste d'un charbon plus "propre", le captage et stockage de CO2 émis lors de sa combustion, "n'a pas décollé comme prévu", déplore l'AIE.

"Le résultat, c'est que sans restriction à la consommation de charbon avec des politiques climatiques, la demande et le CO2 continueront à augmenter", s'alarme-t-elle.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités