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Les formidables défis économiques de la Chine

Une centrale de production d'énergie à Pékin [Wang Zhao / AFP/Archives]

Croissance, salaires, égalité sociale, démographie... Les chiffres de bonne santé économique se multiplient en Chine. Mais les inégalités se creusent et les tensions sociales s’accentuent.

Hausse des exportations, bond de 10,1 % sur un an de la production industrielle en novembre… Depuis le congrès du Parti communiste chinois le mois dernier, les bons chiffres de l’économie chinoise pleuvent. La banque HSBC prédit ainsi un rebond à 8 % de la croissance pour la période octobre-décembre.

Mais ces signaux positifs vont de pair avec des informations plus contrastées, comme la chute de l’excédent commercial à 19,6 milliards de dollars en novembre, contre 32 milliards pour le mois précédent. Et une enquête publiée hier pointe du doigt les inégalités croissantes du pays. Les autorités en sont conscientes. Le mois dernier, le président Hu Jintao a lui-même appelé son successeur, Xi Jinping (qui prendra la tête du pays en mars), à mettre en place un «nouveau modèle de croissance» pour la Chine.

 

Un modèle qui doit évoluer

La crise de 2008 et la baisse de la demande occidentale ont montré la dépendance de l’«atelier du monde» vis-à-vis du marché extérieur. La Chine est en effet l’un des pays où la consommation des ménages pèse le moins sur le PIB (35 %, contre 60 % en Europe). Or, hier encore, on apprenait que les échanges avec l’UE, premier partenaire commercial de Pékin, étaient en recul de 4,1 % sur janvier-novembre.

Comme l’explique Pierre Sabatier, président du cabinet Primeview et coauteur de La Chine, une bombe à retardement (éd. Eyrolles, 2012), «pour éviter une récession qui aurait mis en question la légitimité du parti au pouvoir, les Chinois ont activé le levier investissement» depuis quelques années. Autrement dit, pour compenser l’essoufflement du marché extérieur, ils ont permis aux collectivités locales d’investir dans des projets d’infrastructure, comme les trains à grande vitesse.

Seulement voilà : ces collectivités se sont endettées dans des projets qui, à long terme, ne sont pas rentables. Si l’on regarde Shanghai, indique l’expert, on voit «des tours vides, des autoroutes désertes, car les gens n’ont pas les moyens de payer les péages».

 

Des inégalités qui se creusent

L’Organisation internationale du travail rappelait la semaine dernière que les salaires en Chine ont triplé en dix ans – à tel point que certaines productions sont délocalisées dans des pays voisins où la main-d’œuvre est encore moins chère, comme le Bangladesh.

Mais le boom économique a creusé les inégalités. Le pays recense un million de millionnaires en dollars, mais compte aussi près de 450 millions de pauvres. En 2011, quelque 180 000 «incidents de masse» (des manifestations de centaines de personnes) ont été recensés, selon le quotidien New York Times, telles des altercations entre la police et des travailleurs migrants dans la ville de Xintan (Zengcheng).

Autre défi de taille : faire face au vieillissement de la population, en partie dû à la politique de l’enfant unique, qui entraîne une diminution de la part des jeunes quand celle des personnes de 65 ans ou plus pourrait doubler d’ici à 2030. Leur prise en charge sera difficile à gérer. Selon Pierre Sabatier, elle «ne sera pas viable sans la mise en place d’un véritable système social».

 

Et toujours sur DirectMatin.fr

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