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La solution de PPR pour se débarrasser de FNAC

Un magasin Fnac [Abdelhak Senna / AFP/Archives] Un magasin Fnac [Abdelhak Senna / AFP/Archives]

Faute d'avoir réussi à vendre la Fnac, PPR qui se recentre vers le luxe et l'habillement planche désormais sur une mise en Bourse du distributeur de biens culturels et technologiques, un pari osé vu le contexte mais un joli coup s'il réussit, jugeaient des spécialistes lundi.

L'information révélée par Le Figaro dimanche, évoquée aussi par Les Echos et confirmée à l'AFP par un connaisseur du dossier, était accueillie positivement lundi à la Bourse de Paris.

Le scénario avancé, que PPR a refusé de commenter, est celui d'une scission de la Fnac, en vue d'une introduction en Bourse. PPR a convoqué un conseil d'administration mardi pour lancer le processus de scission et la séparation aura lieu au plus tôt au premier semestre 2013, selon Le Figaro.

"PPR a peut-être retenu la solution d'une introduction en Bourse parce qu'il n'a pas réussi à trouver un acquéreur pour l'enseigne, dont la rentabilité dépasse à peine les 1,5%", relève Loïc Morvan, analyste chez Bryan Garnier & Co, en évaluant à 800 millions d'euros la valorisation boursière de la Fnac.

Mais "vouloir mettre en Bourse dans le contexte actuel un actif qui s'avère invendable, c'est inattendu. Si ça marchait, ce serait du grand art", commente un autre analyste, interrogé par l'AFP, qui insiste sur "la capacité phénoménale de PPR à imaginer des solutions".

Depuis trois ans, PPR cherche à se défaire de ses activités de distribution, dont la Fnac, pour se recentrer vers le luxe et le sport/lifestyle bien plus lucratifs. "Le plus tôt serait le mieux", avait dit le PDG François-Henri Pinault fin 2009, une année de plans d'économies chez Conforama, La Redoute et Fnac.

PPR a déjà vendu Rexel, Le Printemps, Conforama et il a lâché cet été les derniers 30% qui lui restaient dans CFAO, spécialiste de la distribution automobile et pharmaceutique en Afrique et Outre-Mer. "Pour vendre la Fnac, encore faut-il trouver le prétendant, car la mariée n'est pas belle. Elle est même très malade", juge un spécialiste de la distribution.

Delphine Mathez, Senior Partner au sein du cabinet de conseil Roland Berger, souligne que "la Fnac est concurrencée par l'électronique, mais surtout, ses marchés se dérobent un à un sous ses pieds: il y a d'abord eu le CD, ensuite le DVD, ensuite le jeu vidéo, le marché de la télévision est aussi en forte baisse, et celui du livre commence à subir l'assaut des liseuses électroniques. C'est unique dans l'histoire de la distribution qu'un retailer soit confronté à une telle rupture de son business modèle".

Cela étant, la Fnac a des atouts qui sont ses quelque 150 magasins, "des actifs d'une immense qualité, situés en centre-ville et qui ont une énorme valeur. Les magasins Fnac sont là où il faut, mais pas avec les bons produits", ajoute Mme Mathez. Si PPR envisage aujourd'hui de mettre la Fnac en Bourse, c'est qu'il "prend acte du fait qu'il n'a pas trouvé la solution pour la Fnac", selon elle.

Le recentrage de PPR avance néanmoins. En 2008, le groupe faisait encore avec la distribution plus de la moitié de son chiffre d'affaires. Aujourd'hui, sur 12 milliards d'euros, la Fnac ne pèse plus qu'un tiers. Car PPR a d'ores et déjà évacué de ses comptes sa filiale de vente par correspondance Redcats (La Redoute, Cyrillus, Verbaudet...), qu'il compte désormais céder à la découpe, le plus vite possible.

Pour un expert parisien, "PPR a raté le coche: un fonds avait fait une offre pour la Fnac il y a quelques années mais PPR l'a jugée trop faible".

Aujourd'hui, l'hypothèse d'une scission de la Fnac apparaît "tout à fait crédible", estime David Da Maia, analyste chez Aurel BGC, en rappelant que "PPR a déjà utilisé ce moyen pour sortir avec succès de CFAO".

Avantages de l'opération: PPR déconsoliderait la Fnac de ses comptes et n'aurait pas à gérer une casse sociale qui, selon certains analystes, pourrait s'alourdir bien au-delà des 500 suppressions de postes sur 14.000 et des économies annoncées.

M. Da Maia doute cependant de la faisabilité d'une entrée en Bourse dès la fin du premier semestre 2013, à cause de ce plan en cours et parce que la valorisation boursière de la Fnac tourne "seulement" autour de 500 millions d'euros, selon lui, le secteur étant dégradé. Il penche "plutôt pour une sortie de la Fnac fin 2013, voire début 2014".

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